Université d’été 2025 : Débat entre B. Cazeneuve, E. Philippe et J.-M. Blanquer à Autun

le 10 juin 2025 Débat-Cazeneuve-Philippe-bLanquer
Le vendredi 29 août 2025 à 18h30, l’Université d’été du Laboratoire de la République accueillera un moment fort de sa programmation : un débat réunissant deux anciens Premiers ministres, Bernard Cazeneuve et Édouard Philippe, aux côtés de Jean-Michel Blanquer, président-fondateur du Laboratoire.
Dans le cadre de l'Université d'été d’Autun, cette rencontre exceptionnelle portera sur les grands défis démocratiques de notre époque, le rôle de l’État, la cohésion nationale et l’avenir républicain de la France. Ce rendez-vous s’inscrit dans une démarche de réflexion collective portée par la jeunesse et la société civile, et promet d’être l’un des temps forts de cette édition 2025. Cliquez pour s'inscrire

Le temps des citadelles serait-il revenu ?

par Jean-François Cervel le 27 mai 2025 dirigeants-monde
Dans un monde bouleversé par les tensions géopolitiques, le repli identitaire et la montée des autoritarismes, Jean-François Cervel, responsable de la commission géopolitique du Laboratoire de la République, propose son analyse. À travers les figures de Donald Trump, Vladimir Poutine ou Xi Jinping, il décrypte la logique d’un monde qui semble renouer avec la tentation du pouvoir fort, de l’entre-soi, du protectionnisme et de la verticalité autoritaire.
Le temps des citadelles serait-il revenu ? C’est ce que l’on peut croire à entendre les discours politiques dominants, et notamment depuis la nouvelle élection de Donald Trump aux Etats-Unis et son slogan nationaliste « Make America great again ». Un peu partout à travers le monde c’est la tentation de la citadelle, voire même de la citadelle assiégée qui revient en force. C’est le grand discours de l’autosuffisance sinon de l’autarcie, de l’identité, voire de la pureté, c’est le grand mouvement de balancier en retour qui rejette la globalisation, qui dénonce les « mondialistes », qui glorifie la souveraineté nationale, son unicité culturelle et idéologique et son rejet du pluralisme, sa négation de la liberté individuelle au profit de l’identité et de l’exaltation patriotique. Mais ce discours se heurte à la réalité plus complexe du monde d’aujourd’hui, un monde de l’échange, de la fluidité, le monde d’une planète rétrécie par la force des communications électroniques et des déplacements physiques des personnes, des biens et des services. Cette double réalité contradictoire se manifeste clairement avec les variations de la politique de Donald Trump qui semble s’apercevoir que la plupart des entreprises américaines sont des multinationales et que nombre d’entre elles envoient depuis l’étranger leurs productions aux Etats-Unis et seraient donc frappées par des droits de douane élevés s’il les établissait autour de son pays ! Faut-il interdire les entreprises multinationales au nom des intérêts nationaux ? Faut-il multiplier les remparts et les enceintes pour protéger les productions nationales ? Faut-il rejeter l’économie monde et le village global pour revenir aux territoires tribaux, irréductibles ennemis de leurs voisins ? Même s’il ne répond pas de manière cohérente à ces questions, le discours de l’égoïsme national conquérant est néanmoins le discours dominant. Il se manifeste sur tous les fronts, porté, au premier chef, par les trois grands empereurs mondiaux suivis par nombre d’autres dirigeants d’Etats petits ou grands. Le régime poutinien en Russie affecte de lui donner une dimension civilisationnelle, autour des éléments de la religion orthodoxe et de son rejet de toutes les valeurs de la philosophie des Lumières.  Et il le porte à l’extérieur, dans sa volonté d’y soumettre l’Ukraine, la Moldavie, la Roumanie, la Serbie, le Kosovo et la Republika Srpska, sous la haute autorité spirituelle du patriarche Kirill, patriarche orthodoxe de Moscou qui vient donner sa bénédiction à la guerre sainte menée contre les mécréants ukrainiens et appeler à la grande unité des orthodoxes contre la dépravation occidentale. Comme leurs fonctions de défense l’exigent, les citadelles sont d’abord évidemment militaires. Et cela se manifeste par une relance généralisée des dépenses en matière de défense et une course aux armements nouveaux, en matière de drones, de missiles, de guerre électronique. Dans tous les pays, la montée en puissance des armées est patente comme le montre tout particulièrement l’exemple de la Chine, pour toutes les armes, terrestres, navales, aériennes, nucléaires et spatiales. Des bases militaires dans l’espace et sur la Lune sont désormais en préparation, projections spatiales des découpages nationaux terrestres. Les murailles physiques reviennent, avec des frontières qui se militarisent et des murs qui se construisent un peu partout à travers le monde. Dans cette logique d’affrontement de puissances souveraines, il s’agit d’étendre au maximum les territoires sous domination directe et développer la vassalisation et l’influence sur le reste du monde. Les objectifs de conquêtes territoriales ou de vassalisation ne se cachent plus. C’est ce que fait la Russie avec ses marges directes, Ukraine, Caucase et Asie centrale, et ses zones d’influence culturelle : Europe de l’Est jusqu’en Serbie et Republica Srpska en Bosnie-Herzégovine. C’est ce que fait la Chine au Tibet, au Xin Jiang, en Mer de Chine, dans la péninsule indochinoise et dans le Pacifique. C’est ce que font les États-Unis d’Amérique avec la volonté de domination sur le Groenland, le Canada ou Panama. Quant aux politiques d’influence, elles s’exercent sur tous les continents avec, par exemple, les réseaux internationaux de Wagner pour la Russie ou les routes de la soie pour la Chine. Plus globalement, l’alliance des deux citadelles continentales, Russie et Chine, développe, avec le dispositif des « BRICS élargis » et l’Organisation de Coopération de Shangaï, un bloc anti-occidental contre le système libéral démocratique. Et d’autres pays, plus modestes leur emboîtent le pas tels Israël ou la Turquie… Et on voit ainsi se dessiner des alliances quasi-féodales, de seigneurs, dans leurs châteaux forts respectifs, avec leurs guerres locales, faisant allégeance aux empereurs les plus puissants. Le voyage que Donald Trump vient d’effectuer dans les pays du Golfe (13-16 mai 2025) a été particulièrement symptomatique à cet égard affichant la relation complexe entre les rois locaux et l’empereur états-unien. Mais les citadelles sont aussi et avant tout, aujourd’hui, économiques et donc technologiques. D’où la guerre commerciale et technologique immédiatement engagée par Donald Trump après son arrivée au pouvoir pour une seconde présidence. Face à l’énorme montée en puissance de la Chine qui détient aujourd’hui près d’un tiers de l’industrie mondiale, les Etats-Unis mobilisent toutes les formes de leur pouvoir pour tenter de ne pas perdre leur impérium. D’où le discours des « relocalisations » c’est-à-dire de l’industrie nationale et de l’économie nationale, dans une logique protectionniste rejetant les interdépendances mais ne dédaignant pas le mercantilisme à son profit. Les États-nations et notamment les plus puissants ne rejettent pas la présence à l’extérieur mais à la condition qu’elle soit en leur faveur ! L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est totalement contournée et toutes les matières premières et produits sensibles font l’objet d’une compétition féroce. Les citadelles, ce sont donc des murailles pour protéger le territoire, murailles militaires, murailles économiques, murailles scientifiques et technologiques.  Mais les citadelles se caractérisent aussi par un pouvoir fort à l’intérieur.  Pour organiser la défense et la mobilisation contre les ennemis, il faut un pouvoir autoritaire. Pour gérer une économie et une société en guerre, il faut évidemment un pouvoir fort, un Peuple, un État, un Chef, avec un discours idéologique de mobilisation contre les autres et une unité nationale qui ne peut admettre les dissidences et les contradictions. C’est ce que l’on voit dans tous les pays où ce discours de la puissance nationale est érigé en dogme. C’est évidemment le cas dans la Russie poutinienne, héritière directe du totalitarisme soviétique. C’est évidemment le cas dans la Chine de Xi Jinping où la dictature du Parti communiste chinois n’a jamais cessé et se renforce aujourd’hui plus que jamais. Mais c’est désormais aussi le cas dans les États-Unis de Donald Trump avec un corpus idéologique très parallèle à celui développé en Russie. Et sur cette lancée c’est aussi le cas pour nombre d’autres pays du monde depuis l’Inde jusqu’à la Hongrie et Israël. Un pouvoir fort, organisé avec une oligarchie puissante autour de lui pour assurer le fonctionnement du pays selon un dispositif traditionnel de rapports entre une « Masse » dominée par une « Elite » dominante. L’élite d’aujourd’hui, c’est l’élite techno-scientifico-économique. C’est le cas, de longue date, en Russie avec un complexe militaro-industriel oligarchique fondé au long de la dictature communiste. C’est le cas en Chine, après les errements de la période maoïste, autour de l’élite techno-politique du Parti communiste chinois. C’est le cas désormais aux Etats-Unis avec le regroupement autour d’un Président-chef d’entreprise, de tous les dirigeants de l’économie numérique. Toutes les sociétés, au long de l‘histoire, ont connu ce dispositif d’organisation autour d’une élite dominant une masse dominée. Elite militaire imposant son pouvoir par la force et détenant la propriété foncière et la rente correspondante dans les sociétés agricoles traditionnelles, puis élite industrialo-financière à partir de la révolution industrielle et aujourd’hui élite techno-scientifique. Cette structuration s’est figée, dans le passé, dans des sociétés d’ordres avec des ordres privilégiés et des ordres inférieurs. L’élite scientifico-techno-économique d’aujourd’hui, comme celle industrielle et financière de la période précédente, veut contrôler le pouvoir régalien à son profit. Toutes les élites, en effet, veulent dominer les différents compartiments qui font la puissance, l’avoir, le savoir et, si possible, le pouvoir, soit par la force, soit par l’influence. Dans les systèmes autoritaires les trois compartiments sont intégrés dans un mécanisme de concentration verticale absolue autour d’un chef et d’une oligarchie dominante qui détient tous les pouvoirs, politique, économique, juridique et informationnel. C’est la nomenklatura soviétique ou chinoise. La vertu des systèmes libéraux et démocratiques, c’est d’essayer de maintenir un pluralisme et une diversité des élites qui évite le monopole absolu qui règne dans les systèmes totalitaires. Grâce à l’égalité juridique, à l’égalité politique, à l’égalité des chances et à la démocratie, la tendance naturelle à la concentration des attributs de la puissance est compensée par un pluralisme des élites et un brassage social essayant d’éviter les monopoles et les cristallisations héréditaires. Ils y parviennent plus ou moins bien parce que la force qui pousse à la concentration et à la transmission héréditaire est très difficile à combattre. Mais ils laissent néanmoins une liberté qui permet la mobilité, l’initiative et la créativité qui sont incompatibles avec les systèmes totalitaires. Ainsi, la tendance à l’affirmation nationaliste et à la puissance de leurs oligarchies respectives, à l’assignation à résidence identitaire et autoritaire, dans des citadelles nationales, semble aujourd’hui l’emporter. Cela donne un monde où les institutions internationales sont moribondes, un monde où les valeurs de liberté, de démocratie et de solidarité sont abandonnées, un monde de rapports de force et de violence où la guerre est redevenue normale, menée par les idéologies totalitaires et nationalistes et l’affirmation de puissance des trois grands empires. Mais cette logique, aujourd’hui dominante, se heurte à ses propres difficultés et contradictions, internes et externes. Ainsi, l’idéologie libertarienne qui anime nombre des dirigeants des grandes entreprises techno-scientifiques américaines s’accorde mal avec le système de puissances nationales omnipotentes. Le nationalisme virulent qui est affiché partout se heurte à la liberté des échanges et des mouvements des personnes, des biens et des flux financiers qui continuent à être massifs, à la présence d’organisations supranationales qui essaient de se maintenir, à l’existence de religions et d’idéologies globalisantes, à la prégnance de problèmes mondiaux qui concernent toute l’humanité. Le « découplage » dont on parle souvent n’est pas si évident à mettre en œuvre. Le monde peut-il être à la fois interdépendant et nationaliste ? Libertarien et étatiste ? Seules les valeurs universalistes peuvent permettre de dépasser ces contradictions. Le tintamarre des discours nationalistes et des défilés militaires tonitruants, malgré les forces coercitives qui l’accompagnent, ne parvient pas à couvrir la voix de tous les peuples qui demandent la liberté, la démocratie et la paix. C’est à l’Europe de continuer à porter ces valeurs de raison, d’équilibre et de sens de l’intérêt général planétaire. Sera-t-elle à la hauteur de cette mission historique alors qu’elle reste, à de nombreux égards, sous la domination états-unienne ?

Le référendum, réalité ou mirage de la Ve République ?

par Jean-Éric Schoettl le 30 mai 2025 Schoettl-Laboratoiredelarepublique
Alors que le président de la République envisage de recourir au référendum pour répondre à certaines tensions démocratiques et contourner l’impasse parlementaire, le débat sur l’usage de cet outil fondamental de la Ve République refait surface. Dans ce contexte brûlant, Jean-Éric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel et conseiller d’État honoraire, apporte un éclairage précieux à travers une note publiée pour le Laboratoire de la République, intitulée « Le référendum, réalité ou mirage de la Vème République ? ». Cette contribution interroge à la fois les fondements juridiques, les usages passés et les enjeux contemporains du référendum, et appelle à une réflexion lucide sur ses potentialités comme sur ses limites dans notre démocratie représentative.
Le 13 mai 2025, sur TF1, Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de référendums sur des sujets comme la fin de vie ou l’accès des mineurs aux réseaux sociaux. François Bayrou avait envisagé peu avant un référendum sur le redressement des finances publiques. En théorie, l’appel au peuple devrait permettre de trancher bien des débats. Historiquement aussi : n’a-t-il pas été l’instrument privilégié du général de Gaulle pour sortir la France de ses ornières et sceller une nouvelle alliance entre la République et le peuple ? Le référendum ne se heurte pas moins aujourd’hui à de sérieux obstacles juridiques et politiques, ce qui explique qu’on n’en ait pas organisé depuis vingt ans et qu’on parle tant d’assouplir son usage. Il inspire autant d’espoirs (de renouveau démocratique, de déblocage en période de majorité introuvable…) que de craintes (de dérapage populiste, d’atteinte à l’Etat de droit…). Quelle sont les parts respectives des opportunités à saisir et des illusions à dissiper dans la perspective référendaire ? Tour d’horizon et décryptage. Lire la note : Jean-Eric_Schoettl_Referendum_Laboratoire_RepubliqueTélécharger

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