Le jeudi 24 octobre, l’EM Lyon a accueilli une conférence sur le thème « L’École et la République : gouverner en temps de crise ». Cet événement, coorganisé par l’association Forum d’EM Lyon et l’antenne lyonnaise du Laboratoire de la République, a réuni étudiants, enseignants et citoyens engagés autour de Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l’Éducation nationale et fondateur du Laboratoire de la République. Ce rendez-vous a permis d’aborder des sujets brûlants liés à l’école. La conférence s’est conclue par l’intervention d’Alain Mérieux, un message pour l’engagement et l’importance de l'école.
Dans un amphithéâtre comble, Jean-Michel Blanquer a ouvert son intervention en rappelant le rôle central de l’école dans la transmission des valeurs républicaines. Dans le contexte du mois de commémoration des assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard, l'ancien ministre de l'Education nationale a souligné l'urgence de renforcer la mission de l’éducation comme pilier de la République.
Jean-Michel Blanquer a abordé les défis actuels, notamment ceux de la laïcité, de la sécurité et du respect dans les établissements scolaires, illustrant ses propos avec des exemples récents de tensions sociales qui impactent l’enseignement en France.
Pour clore cet événement, Alain Mérieux, président de l’Institut Mérieux, a pris la parole pour rappeler l’importance de l’engagement civique. Il a souligné que l’éducation, plus que jamais, doit être considérée comme un pilier fondamental pour le renouveau républicain et la cohésion sociale.
Vous souhaitez contribuer activement aux valeurs de la République et vous investir dans des projets concrets ? Rejoignez les antennes du Laboratoire de la République ! Présentes dans plusieurs grandes villes de France, nos antennes locales vous offrent l’opportunité de participer à des débats, organiser des événements et mener des actions autour des grands défis contemporains.
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Dans cette troisième lettre d’Amérique, les laborantins sur place analysent le rôle crucial des indécis à l’approche du scrutin du 5 novembre. Entre mobilisations ciblées et campagnes médiatiques, Démocrates et Républicains redoublent d’efforts pour convaincre ces électeurs, qui pourraient faire basculer l’élection. Au-delà du résultat, cette course pour capter les dernières voix interroge sur la représentativité et les réformes du système électoral, un débat qui fait écho de part et d’autre de l’Atlantique.
Chers Laborantins,
L’échéance du 5 novembre approche, les votes par anticipation ont commencé, pourtant certains électeurs n’ont pas encore fait leur choix. Dans une course qui risque de se jouer à quelques voix, ces indécis ont un poids considérable. Quels facteurs peuvent changer d’ici au 5 novembre pour les faire pencher d’un côté ou de l’autre ? Quelle motivation à aller voter ? Voter ou s’abstenir est un premier choix, le second est de savoir à quel candidat donner sa voix. Les sondages estiment que 5% des électeurs demeurent incertains. Ces électeurs ont tendance à être très peu impliqués en politique, une majorité finissant souvent par simplement ne pas aller voter.
Au cours des deux dernières présidentielles, les indécis ont fini par favoriser Donald Trump. Il a remporté leurs voix avec une marge de plus de 20%. Si la même tendance se répète en 2024, elle ajouterait 1% net en faveur de Donald Trump, sachant que dans certains états clefs comme la Pennsylvanie Kamala Harris a une avance estimée à 0,8%, le résultat est rapide à calculer.
Quelle stratégie pour les candidats pour motiver ces indécis à voter ? Du côté Démocrate c’est peut-être la raison derrière la multiplication d’interview TV pour tenter de toucher un public moins intéressé par la politique à travers des émissions regardées par un grand nombre. Ces électeurs indécis semblent être plutôt jeunes, et souvent Latino ou Afro-Américains. Cela transpire dans les annonces de cette semaine alors que Donald Trump multiplie les podcasts dont l’audience est majoritairement jeune et blanche. La campagne de Kamala Harris multiplie le porte-à-porte dans les quartiers majoritairement habités par les Afro-Américains pour encourager les résidents à voter. Au niveau propositions, Harris se concentre sur des programmes visant à réduire les inégalités en matière de santé, qui touchent disproportionnellement les hommes noirs. L’ancien Président Obama, conscient du déclin du soutien des Afro-Américains au parti démocrate s’est déplacé en Pennsylvanie pour motiver le vote à coup d’argument de fraternité et en allant même jouer sur la provocation en suggérant que si les électeurs supportaient moins Harris que lui en 2008, c’était parce qu’elle était une femme. Plus récemment, lors d’un meeting dans le Michigan, l’ancien président a même rappé sur Lose Yourself d’Eminem, le chanteur étant invité au meeting. Ces techniques de communications originales peuvent-elles motiver les électeurs indécis ? Mélanger politique et rap américain défroissera peut-être l’image d’une Kamala Harris trop lisse pour certains électeurs. Le vote de ces électeurs indécis est crucial, difficile à prévoir mais central.
Ce vent de panique chez les démocrates est aussi lié à une pratique du vote propre aux États-Unis. Alors que l’élection se tient dans une dizaine de jours, plus de 30% des Américains ont déjà voté. Cela est rendu possible par le vote par correspondance. Ce dernier a connu un rebond après que Donald Trump ait explicitement appelé ses électeurs à se rendre aux urnes par anticipation. Grand revirement pour le candidat qui est habituellement un fervent critique de cette pratique de early vote. Ces encouragements ont été spécifiquement adressés aux électeurs du Wisconsin, de la Caroline du Nord et de Pennsylvanie, états clefs pour le résultat du scrutin final. Cet appel a fait son effet, et les républicains semblent déjà se rendre aux urnes. L’inquiétude provoquée par ces early votes chez les démocrates est que des républicains réussissent à davantage mobiliser leur base électorale, ce qui favoriserait Donald Trump. Point crucial au cadre de réflexion autour du choix de se rendre aux urnes ou non, l’écart entre les deux candidats semble se resserrer. Le dernier sondage du New York Times et du Siena College annonce une égalité entre les deux candidats, chacun récoltant 48% des voix.
Si le résultat sera serré, si ce sont les électeurs aujourd’hui indécis qui font pencher la balance d’un côté ou de l’autre, la représentativité de l’élection risque à nouveau d’être questionnée. Cela renforce la question d’une réforme du système électoral et notamment de la place du Collège Électoral. Environ 63% des Américains préfèrerait voir le Président élu à la majorité des votes des électeurs. Les perspectives de réformes sont très étroites, et questionnent sur l’adéquation des règles électorales et des préférences des constituants. Ce débat semble encore une fois commun aux démocraties Américaines et Françaises alors que chez nous se pose la question de l’élection de l’Assemblée nationale à la proportionnelle. Réformer ces systèmes rigides est un vrai débat sur le fonctionnement de nos démocraties, les électeurs ont-ils perdus le pouvoir d’agir sur les règles qui désignent leurs représentants ? Qu’est-ce que cela dit de la démocratie représentative ? N’y a-t-il pas là la source de la perte de confiance dans nos politiques ? ou bien à l’inverse est-ce cette perte de confiance qui nourrit la volonté de réformer le système ?
Alexandre Alecse
Elise Torché
En cette Journée mondiale de la santé mentale, Thierry Taboy et Marie-Victoire Chopin abordent les défis psychologiques auxquels sont confrontés les jeunes aujourd'hui. Depuis deux ans, Marie-Victoire Chopin, docteur en psychologie, DMU Neurosciences, APHP Sorbonne Université, et Thierry Taboy, coordinateur de la commission technologique du Laboratoire de la République, mènent un combat contre les troubles identitaires exacerbés par le numérique.
Devant le miroir du matin, nous nous dévisageons, scrutant celui ou celle que nous sommes. Et nous choisissons celui ou celle que nous allons être. De la tenue que nous allons enfiler aux rôles que nous allons jouer en privé ou en public, tout relève d’un jeu paradoxal entre notre besoin de singularité et notre désir de reconnaissance. La sortie du paradoxe semble impossible: il faut que chacun de nos gestes traduise notre individualité, tout en la faisant accepter par les autres. Dans ces conditions, un avatar devient une version épurée de nous, répondant à ce paradoxe.
Le concept de singularité, comme présenté par le sociologue Andreas Reckwitz, met en lumière la quête moderne de l'originalité et de l'unicité. Cette recherche de singularité affecte de nombreux aspects de la vie quotidienne, de la nourriture que nous mangeons à nos choix personnels. Reckwitz souligne que cette logique de particularité peut entraîner une crise de l'universalité.
Qui apparaît dans ce reflet du miroir – l'explorateur des mondes virtuels, le professionnel impeccable, le séducteur des réseaux de rencontre ? Aujourd'hui, notre soi authentique semble fragmenté, dilué dans une marée d'avatars et de profils. Chaque compte social est une image déformée de nous ; mais comment ces reflets numériques façonnent-ils notre sentiment d'identité profonde ?
La construction de l'identité personnelle, le jeu comme constante.
Notre identité se façonne dès la tendre enfance, à travers les jeux et les rôles que nous incarnons en imitant le monde des adultes. Selon Winnicott, c'est dans le jeu que nous sommes véritablement libres de nous manifester. Erikson, lui, identifie l'identité comme un sentier parsemé de crises, chaque étape étant essentielle dans notre développement. Alors que nous grandissons, ces jeux évoluent, s'entrelacent avec les outils digitaux pour former de nouveaux masques, de nouvelles identités.
L'identité est un concept complexe qui englobe à la fois des aspects objectifs et subjectifs. Objectivement, chaque individu est unique sur le plan génétique. Subjectivement, l'identité renvoie à la conscience de son individualité, de sa singularité et à une continuité dans le temps. Cet aspect est important non seulement pour le sujet lui-même mais aussi pour son entourage, qui attend cohérence et constance dans les comportements de l'individu.L'identité comprend diverses composantes telles que l'identité perçue par soi-même et par autrui, le sentiment de soi, l'image et la représentation de soi, l'estime de soi, la continuité personnelle, le soi intime versus le soi social, et le soi idéal versus le soi réel. Ces différents aspects contribuent à former une notion complexe d'identité. Ainsi, l‘identité subjective est profondément sociale. Le besoin de reconnaissance est souvent lié à des personnes ou des groupes de référence importants pour nous, où être reconnu signifie être apprécié et aimé. Cette reconnaissance est un facteur clé dans l'estime de soi et l'existence perçue. Le perfectionnisme est parfois une conséquence de ce besoin de reconnaissance et de validation par ces figures significatives.
Comment rester soi au milieu de cette métamorphose ? Rogers interrogeait déjà l'influence terrifiante de voir nos multiples facettes se projeter dans un monde où la perception de soi s'en trouve fragmentée.
Identités et numérique
Sur les scènes des réseaux sociaux, nos existences se déclinent en multiples versions. Instagram immortalise nos moments les plus photogéniques, LinkedIn expose nos ambitions, et les sites de rencontre esquissent des séducteurs idéalisés. Les jeux multijoueurs nous permettent de devenir de vrais transformistes en relation avec nos projections de notre moi profond (genre, culture, langue..). La simplicité enfantine qui nous offre de créer nos propres « deepfakes» personnels élève cette curation de soi à un niveau vertigineux, brouillant la ligne entre réalité et représentation, authenticité et artifice. Sherry Turkle nous rappelait déjà en 2011 que ces technologies ne se limitent pas à être des moyens d'expression – elles modèlent notre identité même.
Une vulnérabilité augmentée
Pour celles et ceux déjà aux prises avec des troubles psychologiques, les espaces numériques et sociaux ne sont pas de simples distractions. Ils peuvent agir comme des révélateurs, intensifiant les symptômes de mal-être. John Suler a discuté de l'effet d'anonymat en ligne et comment le manque de repères tangibles peut mener à une altération de l'identité. Dans un univers où l’enveloppe physique s’efface au profit de l’avatar, il est essentiel d'offrir un accompagnement adapté, en particulier aux plus jeunes d’entre-nous.L'éducation numérique, la sensibilisation aux risques et un dialogue ouvert sur la santé mentale doivent être des priorités pour protéger et fortifier notre jeunesse face à ces défis modernes.
Fragmentation de l'identité et risques psychologiques
La diversité de nos "mois" numériques peut être source de confusion et de conflit interne. Elias Aboujaoude souligne la dangerosité de nos identités virtuelles séparées de notre réalité, qui peuvent mener à des affections psychologiques graves. Jean Twenge va plus loin en indiquant l'impact délétère de ce phénomène sur les adolescents, traduit par une augmentation de la dépression et de l'anxiété. Brené Brown, quant à elle, nous oriente vers l'authenticité et le courage d'être nous-mêmes, dans un monde qui met souvent l'accent sur la perfection. Et face à la dissonance entre le réel et le virtuel, Katherine Hayles questionnait dès 1999 la formation d'une schizophrénie posthumaine, où l'intégrité de l'individu est mise à rude épreuve).
Dans le mirage numérique, nous sommes invités à renouer avec l'individu qui se dissimule derrière les avatars – celui qui respire, rêve, et aime réellement. Il est temps de se poser des questions essentielles sur notre identité et de la cultiver avec sincérité.Sommes-nous les auteurs de notre existence ou les acteurs d'un rôle scripté par d'autres ?
Plaidoyer pour l'intégrité, nous lançons un appel à vivre authentiquement. Cherchons à établir notre identité sur des bases solides, stables, et véritablement nôtres. Résistons à la co-modification de soi et embrassons notre vraie nature dans ce théâtre d'avatars. Au fond, la personne que nous rencontrons dans le miroir sans fard, sans artifices, mérite notre attention la plus authentique et notre affection la plus vraie. Puissions nous tous vivre en concordance avec notre âme, dans un univers constamment remis en question par la technologie et les apparences.
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