Rubrique : Défi géopolitique

Lettre d’Amérique latine (4) : la Bolivie fête ses 200 ans d’indépendance dans une année d’élections et de crises

par Erévan Rebeyrotte le 8 avril 2025
La Bolivie, ce pays niché au cœur de l'Amérique du Sud, bordé par le Brésil, l'Argentine, le Paraguay, le Chili et le Pérou, célèbre cette année le bicentenaire de son indépendance. Un événement majeur, véritable symbole de fierté nationale, qui se décline en festivités vibrantes et en un éclat de couleurs dans toutes les villes du pays. C’est donc tout naturellement que cette quatrième lettre d’Amérique latine, rédigée par notre correspondant Erévan Rebeyrotte, est consacrée à cet anniversaire, cher au cœur de la population bolivienne.
À Sucre, dans la « Casa de la Libertad », la ville vibre au rythme de la célébration des 200 ans d’indépendance de la Bolivie. Un lieu chargé d’histoire, où, en 1825, la jeune république naissante se libérait du joug colonial espagnol. 2025 est une année importante de commémorations, marquée par des cérémonies et des rassemblements populaires, mais l’atmosphère est loin d’être simplement festive. La Bolivie, aujourd'hui, se trouve plongée dans une crise politique et économique qui assombrie les célébrations. Au cours de mon périple en Bolivie, j’ai été témoin à plusieurs reprises de la détresse de la population. Des « collectivos » annulés en raison d’une pénurie de diesel, des pharmacies fermées faute de réapprovisionnement, des manifestations devant le Parlement de La Paz pour dénoncer les politiques sociales et économiques du gouvernement en place. À Potosí, des touristes occidentaux, animés par une curiosité mal orientée, se rendent dans les mines où les ouvriers luttent pour extraire de l'argent et d'autres ressources précieuses. Ces travailleurs, ancrés dans un autre siècle, œuvrent sans équipement de sécurité, maniant encore pioches et chariots manuels sur des rails rouillés. L'espérance de vie des mineurs est d'à peine 45 ans. Ils sacrifient leur santé, usent leurs poumons et leur corps pour gagner leur vie, au péril même de leur existence. Deux siècles ont passé depuis que des hommes comme Simón Bolívar et Antonio José de Sucre ont forgé l’indépendance de la Bolivie, porteurs d’un rêve de liberté, d’égalité et de fraternité. Aujourd’hui, l’image de Bolívar, ce héros au visage marqué par la guerre, semble s’éloigner de la réalité bolivienne. Le pays, s’il a vécu d’innombrables révolutions et changements de régime depuis, est aujourd’hui pris dans les mailles d’une crise politique persistante. Le dernier épisode en date : un coup d’État manqué en juin 2024 qui, loin d’ouvrir la voie à une stabilité, a ajouté une couche de méfiance envers les institutions et le système politique. En août prochain, alors que le pays se prépare à fêter son indépendance, c’est une autre épreuve qui attend les Boliviens : les élections générales. Les citoyens seront appelés aux urnes pour choisir leur président, vice-président, ainsi que les membres des deux chambres du parlement. Ces élections, dans un climat politique marqué par l’instabilité, pourraient bien redéfinir le paysage de la Bolivie pour les années à venir. Mais c’est surtout une figure qui capte l’attention : Evo Morales, l’ex-président, dont le retour sur la scène politique divise. Malgré l’interdiction légale de se présenter, l’ancien chef d’État défie la justice et se lance dans la bataille, promettant un retour triomphal. Le spectre de son dernier mandat, marqué par des accusations de corruption et une crise de légitimité, plane toujours sur le pays. Il est notamment visé par un mandat d’arrêt dans l’affaire concernant la « traite » d’une mineure. Il est accusé d’avoir entretenu une relation en 2015 avec une adolescente de 15 ans, avec le consentement des parents en échange d’avantages. En parallèle, la question de la corruption reste un point central dans le débat national. Des citoyens, particulièrement des jeunes, expriment leur lassitude face aux scandales qui gangrènent les sphères politiques. C’est dans ce contexte que des figures comme Nayib Bukele, le président du Salvador, trouvent un écho chez certains Boliviens. Ce « dictateur cool », à la tête d’un pays en mutation, est vu par certains comme une alternative face à un système politique qu'ils jugent trop corrompu et inefficace. Une jeune Bolivienne m'a même montré une vidéo de propagande de Bukele, le dépeignant comme un héros capable de régler tous les problèmes du Salvador. Cette admiration pour un leader autoritaire, pourtant reconnu pour ses dérives, soulève des questions sur l’avenir de la démocratie en Bolivie et en Amérique latine. Alors que le pays fête son bicentenaire, la Bolivie semble se retrouver à un carrefour, entre l’aspiration à une gouvernance plus forte et la volonté de préserver un système démocratique, même fragile. Lettres parues : Lire "Lettre d'Amérique latine (3) : Le Pérou, une histoire de douleur, d'oubli et de larmes" https://www.lelaboratoiredelarepublique.fr/debattre/lettre-damerique-latine-3-le-perou-une-histoire-de-douleur-doubli-et-de-larmes/ Lire "Lettre d'Amérique latine (2) : La Colombie : entre pacification et réconciliation, un chemin semé d'embûches" : https://www.lelaboratoiredelarepublique.fr/debattre/lettre-damerique-du-sud-2-la-colombie-entre-pacification-et-reconciliation-un-chemin-seme-dembuches/ Lire "Lettre d'Amérique latine (1) : Le Mexique face aux défis internationaux sous la réélection de Donald Trump" : https://www.lelaboratoiredelarepublique.fr/debattre/lettre-damerique-latine-1-le-mexique-face-aux-defis-internationaux-sous-la-reelection-de-donald-trump/

Lettre d’Amérique latine (3) : le Pérou, une histoire de douleur, d’oubli et de larmes

par Erévan Rebeyrotte le 31 mars 2025 perou
Direction le pays des Incas, le Pérou, cette terre fascinante imprégnée de traditions ancestrales et de cultures millénaires. Pourtant, ce pays magnifique est depuis bien longtemps marqué par des crises politiques incessantes. Le Laboratoire de la République profite de la présence d’un de ses chargés de mission, Erévan Rebeyrotte, pour offrir un témoignage de la mémoire historique et politique du Pérou. Cette lettre s’est enrichie grâce à deux rencontres : celle de Fernando Carvallo, ancien représentant du Pérou à l’Unesco et ancien directeur du musée de la mémoire à Lima (en faveur des victimes de conflits armés) et celle de Luis Jaime Castillo, ancien ministre de la culture. Mais elle a aussi été nourrie par les témoignages des Péruviens rencontrés au cours de l’exploration de ce pays fascinant, à la fois bouleversant et grandiose.
Lorsque Pía, une amie péruvienne, résuma l’histoire de son pays par ces mots « una historia de dolor, olvido y lágrimas » (une histoire de douleur, d’oubli et de larmes), elle capturait toute la tragédie qui traverse le Pérou depuis des décennies. Comme tous les Péruviens que j’ai croisés, Pía désigne les hommes et les femmes politiques, accusés de corruption et d’illégalité, comme responsables de cette spirale de souffrance collective. Une souffrance exacerbée par la violence du terrorisme, héritage encore vivace dans la mémoire du pays. Un exemple récent : lorsque j’arrivai à Lima, mi-mars, la capitale était en état d’urgence après qu’un groupe de tueurs à gages ait ouvert le feu sur un bus transportant l’orchestre péruvien Armonía 10, dont faisait partie le chanteur Paul Flores. Luis Jaime Castillo, ancien ministre de la culture, me confia sa conviction que l’État péruvien devrait prioriser la lutte contre la pauvreté sociale et économique plutôt que de concentrer ses efforts sur une politique de mémoire pour recenser les traumatismes du peuple. Selon lui, le pays doit se tourner vers l’avenir et améliorer le quotidien de ses citoyens, tout en combattant des phénomènes comme le wokisme et le néo-féminisme, qu’il considère comme des vecteurs de haine. « Les peuples indigènes sont reconnus en Amazonie, mais comme dans tous les pays d’Amérique, à la différence de la France, les communautés ne jouissent pas des mêmes droits. Chaque groupe bénéficie d'avantages spécifiques. Il n'existe aucune véritable politique d'égalité. Le wokisme, en cherchant à effacer l’histoire des conquistadors, a contribué à la montée des mouvements réactionnaires. La victoire de Trump est le fruit d’une campagne démocrate déconnectée des préoccupations réelles du peuple américain, notamment la question de l’immigration. », me confia-t-il avec une conviction conservatrice. Fernando Carvallo, quant à lui, insiste sur la nécessité pour le Pérou de se ressourcer dans les leçons du passé afin de ne pas répéter les erreurs qui ont conduit à la situation actuelle. Le pays, selon lui, doit tirer les enseignements des échecs du passé pour construire un avenir meilleur. Et les faits sont là : le Pérou est le seul pays au monde où tous les présidents du XXIe siècle sont, ou ont été, impliqués dans des affaires judiciaires graves. Certains sont actuellement devant la justice, d’autres sont emprisonnés. Depuis la naissance de la République péruvienne, le pouvoir est vu comme une ressource financière personnelle, une coutume qui perdure. Sous le mandat de Dina Boluarte, élue vice-présidente en 2021, et maintenant présidente, le Pérou a vu naître un gouvernement plus à droite que tout ce que le pays n’avait connu depuis des décennies. La présidente fait face à plusieurs enquêtes, notamment des accusations concernant des opérations de chirurgie cachées au Congrès, avec des allégations selon lesquelles le chirurgien n’aurait pas fait payer ses opérations avec la garantie de postes administratifs pour ses amis et sa famille. Ce climat de méfiance et de corruption se perpétue. Dans les profondeurs de la vallée sacrée, entre Pisac et le Machu Picchu, la réalité péruvienne prend un tour encore plus désolant. Les communautés locales, laissées pour compte, sont totalement exclues du système médical et judiciaire. La police est absente, et le plus proche hôpital se trouve à des heures de marche, ou de cheval, traversant des cols escarpés. Les seules traces de vie politique visible sont les slogans peints sur les murs des maisons, évoquant les prochaines élections présidentielles de 2026 avec une cinquantaine de candidats ! Mais aujourd’hui, il semblerait que le Pérou, malgré ses souffrances internes, ait trouvé un allié en dehors du continent : la Chine. Ce pays investit massivement dans les infrastructures péruviennes, notamment à travers des projets portuaires qui suscitent la méfiance des États-Unis. Le Pérou est désormais vu par les Américains comme une « colonie chinoise » en devenir, un projet géopolitique qui pourrait redéfinir l’équilibre de puissance dans cette région. Ainsi se dessine, à travers ces rencontres et témoignages, l’histoire du Pérou : un pays où les cicatrices du passé sont encore bien visibles, mais où le regard se tourne inexorablement vers l’avenir, malgré les défis immenses. Entre douleur et espoir, oubli et résistance, la route reste longue pour cette nation qui cherche à se reconstruire, tout en affrontant les démons de son histoire et les failles de son présent. Un pays magnifique, certes, mais un pays qui porte en son âme les traces indélébiles de luttes sans fin. Lire "Lettre d'Amérique latine (2) : La Colombie : entre pacification et réconciliation, un chemin semé d'embûches" : https://www.lelaboratoiredelarepublique.fr/debattre/lettre-damerique-du-sud-2-la-colombie-entre-pacification-et-reconciliation-un-chemin-seme-dembuches/ Lire "Lettre d'Amérique latine (1) : Le Mexique face aux défis internationaux sous la réélection de Donald Trump" : https://www.lelaboratoiredelarepublique.fr/debattre/lettre-damerique-latine-1-le-mexique-face-aux-defis-internationaux-sous-la-reelection-de-donald-trump/

Compte-rendu : Crise mondiale inédite, les leçons du virage américain

le 24 mars 2025 JMB + DOMENACH + TENZER
Mercredi 12 mars 2025, le Laboratoire de la République a organisé un grand débat à la Maison de l’Amérique Latine autour de la situation inédite que représente la prise de position américaine relativement au conflit russo-ukrainien. Pour analyser ce virage, le Laboratoire de la République a réuni Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l’Education Nationale, Nicolas Tenzer, philosophe et haut fonctionnaire et Murielle Domenach, ancienne représentante permanente de la France auprès de l’OTAN Nouvelle architecture de la sécurité européenne, positionnement vis-à-vis des Etats-Unis, avenir de l’OTAN, nouveau plan de paix… Autant de thèmes qui ont été abordés lors de cet évènement passionnant dont nous vous proposons de retrouver la retransmission vidéo ainsi que le compte-rendu écrit par Antonin Guillon, jeune membre de la commission démocratique du Laboratoire de la République.
Un retour aux rapports de rapports mondiaux, insufflés par une politique américaine brutale et immédiate avec des revirements et des modifications de caps permanents. Des mutations profondes dans les relations internationales qui réinterrogent a paix mondiale. Face à cette nouvelle donne, il est nécessaire de « fixer un cap dans la tempête » et de rester lucide. Retrouvez la vidéo de l'évènement dans son intégralité. https://www.youtube.com/watch?v=d9ZJkm3NVYc Retrouvez également le compte-rendu d'Antonin Guillon, jeune membre des commissions du Laboratoire de la République. Compte-rendu - Les leçons du virage américain - Laboratoire de la RépubliqueTélécharger

Jean-François Cervel : Les Empereurs

par Jean-François Cervel le 21 mars 2025 Chine USA Russie
Jean-François Cervel, ancien directeur du CNOUS et co-responsable de la commission géopolitique, s'interroge sur la place de l'Europe dans un paysage géopolitique où les trois grands empires semblent vouloir se partager le monde. Il insiste sur la nécessité pour l’Union Européenne de mettre en place en urgence les différents moyens institutionnels, scientifiques et économiques qui lui permettront de rivaliser.
Pour les trois empereurs, l’Union européenne est l’ennemi à abattre. Depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, à la tête des Etats-Unis d’Amérique pour un second mandat, le paysage géopolitique mondial change à vitesse accélérée. Et dans ce maelstrom, l’Union européenne semble être devenue l’ennemi public numéro un, l’ennemi qu’il convient d’abattre. Jusque-là le monde apparaissait divisé en trois grands ensembles, le bloc des systèmes totalitaires, le bloc des démocraties libérales et le bloc des non-alignés, nouvellement appelés pays du Sud-global. Le premier de ces blocs était organisé autour de l’alliance entre la Russie et la Chine augmentée de leurs vassaux immédiats, Biélorussie, Corée du Nord, et de quelques états clients, Iran, Vénézuéla, Cuba, Erythrée .…. Le deuxième était organisé autour des Etats-Unis d’Amérique, de la plupart des pays de l’Europe et d’un certain nombre d’autres pays du monde, de la région pacifique, Japon, Corée du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande plus le cas particulier d’Israël, ces différents pays étant liés par des alliances diverses et notamment l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord qui avait assuré, pendant des décennies,  la protection de l’Europe de l’Ouest par les Etats-Unis contre l’URSS communiste et le pacte de Varsovie. Les pays du premier bloc étaient caractérisés par une idéologie nationaliste, identitariste, autoritaire-autocratique, profondément anti-libérale et diffusaient cette vision du monde et de la société au sein de l’ensemble des pays du sud global. Le bloc des pays libéraux défendait au contraire une vision du monde articulée autour de la liberté individuelle, des droits de l’homme et de l’universalisme, de l’état de droit et de la démocratie et tendait à soutenir les mouvements défendant cette idéologie à travers le monde, contre les pouvoirs autoritaires et les différentes idéologies totalitaires qu’elles soient communiste, religieuses ou nationalisto-militaires. Les pays du « sud-gloabal » étaient soumis à une forte pression du bloc des pays totalitaires pour les pousser à le rejoindre dans une logique d’opposition au bloc des pays de démocratie libérale, qualifié de bloc « occidental » constitué des anciennes puissances coloniales et porteur d’une idéologie présentée comme celle de l’individualisme décadent, totalement étrangère aux diverses cultures du reste du monde. Le bloc des pays totalitaires avait réussi à associer un nombre très significatif de ces pays dans l’ensemble dit des « BRICS élargi » composé d’une dizaine de membres très importants, les deux grandes puissances totalitaires, Russie et Chine d’une part, de grands acteurs du « Sud-global », dont l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et divers associés en voie d’intégration d’autre part. Ce dispositif, qui prolongeait celui connu pendant la période de la « guerre froide » ( bloc communiste, bloc occidental, « non-alignés ») connaissait certes diverses variantes et nuances mais il caractérisait assez bien l’état du monde d’après la phase de la « mondialisation » ayant suivi l’effondrement de l’union soviétique et l’ouverture de la Chine post-maoïste.  Aujourd’hui ce paysage mondial est profondément bouleversé par un contexte idéologique nouveau qui voit s’affirmer tous les mouvements divers qui ont en commun leur hostilité à l’idéologie des droits de l’Homme et leur volonté de combattre les sociétés de démocratie libérale, ouvertes et pluralistes. Le nouveau pouvoir à la tête des Etats-Unis affiche clairement qu’il n’est pas là pour défendre le corpus des valeurs de la démocratie libérale mais qu’il est au seul service de la puissance des Etats-Unis. Les conséquences de ce choix sont immédiates pour ses alliés traditionnels européens qui sont vus comme des « exploiteurs » des Etats-Unis. L’Union européenne est présentée, contre toute réalité historique, comme une création destinée à « e…..der » et exploiter les Etats-Unis, en outre porteuse d’une idéologie progressiste hostile aux « vrais valeurs » traditionnelles de la famille, de la religion et de la patrie. D’où le rapprochement immédiat du président Trump avec le pouvoir poutinien dans un pacte qui ressemble furieusement au pacte germano-soviétique d’août 1939 conclu alors par-dessus la tête de la France et du Royaume-Uni, au détriment immédiat des pays de l’Europe orientale, hier la Pologne, la Finlande et les Pays Baltes, aujourd’hui l’Ukraine au premier chef, en attendant les suivants. Les Etats-Unis votent, à l’ONU, avec la Russie et la Corée du Nord contre ses alliés traditionnels des démocraties libérales. Et  le président Trump choisit d’affaiblir les capacités de résistance de l’Ukraine et d’humilier son président démocratiquement élu. Il veut ainsi se venger du Parti démocrate à l’intérieur des Etats-Unis, des pays de démocratie libérale en Europe et du président Zelenski en Ukraine, tous coupables de s’être opposés à lui, plus ou moins directement, lors de son premier mandat puis lors de ses campagnes pour sa réélection. Les Etats-Unis du président Trump affichent désormais sans pudeur vouloir s’inscrire dans la logique des puissances impériales, dans une idéologie où seuls comptent les rapports de forces tant à l’échelle individuelle et sociale qu’à l’échelle géopolitique et qui n’ont que mépris pour les valeurs issues de la philosophie des Lumières comme le répètent tous les idéologues du pouvoir poutinien et les dirigeants du Parti communiste chinois. Et dans ce contexte, l’Union européenne devient l’ennemi à abattre pour chacun des trois grands empires. Il s’agit, d’une part, de l’empêcher de devenir une réelle puissance qui pourrait porter ombrage à leur primauté et, d’autre part, de détruire le corpus de valeurs qu’elle défend. Trois empereurs dominent aujourd’hui le monde. Par ordre d’ancienneté, il s’agit de Vladimir Poutine, empereur de Russie depuis plus de 25 ans, Xi Jin Ping, empereur de Chine depuis plus de 12 ans, l’un et l’autre s’étant organisés pour continuer à régner pendant encore de longues années, et Donald Trump, à nouveau dirigeant des Etats-Unis d’Amérique, après déjà un premier mandat et qui souhaite agir comme un véritable empereur. Comme dans tout pouvoir impérial, ces trois souverains s’appuient sur une forte oligarchie. Bien que les modèles ne soient pas identiques en raison de l’histoire particulière de chacune des trois puissances concernées, ces oligarchies sont, avant tout, des oligarchies scientifico-technologico-économiques. Il s’agit, en effet, pour cette nouvelle aristocratie de maîtriser tous les outils de la puissance, tant en matière économique qu’en matière militaire, et ceux-ci dépendent, aujourd’hui plus que jamais, des avancées des technosciences. Chacun de ces trois empereurs a, évidemment, comme ambition de dominer le monde. A tout le moins, et pour l’instant, ils veulent se le partager. Il s’agit d’abord de conquêtes territoriales comme lors des guerres d’antan. Ainsi, l’empereur russe veut reconstituer, au moins, l’empire tel qu’il existait du temps des tsars puis des soviets, l’empereur chinois qui a définitivement annexé le Tibet et le Xin Jiang en conduisant un ethnocide des populations d’origine, veut étendre sa domination sur l’Asie du sud-est et le Pacifique, et l’empereur états-uniens veut étendre sa domination sur toute l’Amérique du nord et centrale. Dans toutes les régions du monde on les voit se situer dans une logique à la fois de compétition et de partage, en utilisant tous les moyens de la guerre hybride. Dans cette situation d’affrontement des empires, tous les autres pays du monde essaient de se situer au mieux de leurs intérêts propres. Dans les régions qui ne sont pas directement sous emprise de l’un ou l’autre des empires, des royaumes tentent de jouer leur jeu propre. Ils sont dirigés soit par des souverains en titre, issues de dynasties installées, soit par des autocrates qui tentent eux-mêmes de créer des dynasties en fonction des circonstances locales et de leurs rapports avec les grands empires. Des potentats locaux profitent des circonstances pour étendre leur pouvoir, comme le montrent les exemples de la Turquie, de l’Arabie Saoudite, d’Israël ou du Rwanda. A l’exception sans doute des plus grands, Inde ou Brésil, tous se trouveront à un moment ou à un autre, en fonction des circonstances, dans des situations de vassalisation, plus ou moins heureuse, plutôt moins que plus…. Certains ensembles essaient de s’organiser pour tenter de faire le poids par rapport aux trois puissances et à leur volonté de domination. Ainsi le monde arabo-islamique tente depuis longtemps d’organiser le panarabisme. Ses mouvements religieux intégristes, Al-Qaïda puis l’Etat islamique, essaient de reconstituer le califat dont ils rêvent. Mais les divisions multiples de ce grand ensemble ont, pour l’instant, empêché son unification. De même, les tentatives d’union en Afrique subsaharienne, en Amérique latine ou en Asie centrale, ne se sont pas, pour l’instant, concrétisées. Reste l’Europe, un ensemble géographique pas totalement unifié et pas totalement homogène. L’Union européenne qui regroupe 27 des 46 pays du Conseil de l’Europe a certes beaucoup progressé depuis quelque 75 ans. Avec 450 millions d’habitants, 17% du PIB mondial et un modèle socio-politique trouvant un équilibre entre la liberté individuelle et la défense de l’intérêt général, elle reste une zone très attractive pour tous ceux qui ne se résignent pas à vivre sous le joug de systèmes totalitaires, prédateurs et bellicistes. Elle est, de ce fait, la cible de tous les régimes et de toutes les idéologies totalitaires du monde, qu’elles soient religieuses et notamment islamiste, communistes ou nationalistes. Mais elle n’a pas voulu se donner les moyens de devenir une véritable puissance capable de se mesurer aux trois grands empires parce que la volonté politique a manqué pour créer véritablement les Etats-Unis d’Europe indispensables. Tous les Etats qui constituent l’Union n’ont pas voulu choisir entre souveraineté nationale et souveraineté européenne. Face à des puissances hostiles, ils sont désormais au pied du mur. Il s’agit de franchir le pas d’une véritable Europe fédérale dont il faut définir les modalités. Comme lors des grandes étapes précédentes, marché unique, élection des députés du Parlement européen au suffrage universel, monnaie unique, il faut définir un pouvoir politique européen qui puisse faire le poids face aux grands empereurs mondiaux. Les modalités de désignation d’un Président des Etats-Unis d’Europe ayant un réel pouvoir en matière diplomatique et militaire doivent être débattues et arrêtées au plus vite. Les opinions publiques des pays de l’Union sont-elles prêtes à ce débat alors que les différents pays sont affaiblis, avec une population vieillissante, qu’ils sont socialement et politiquement divisés, avec des communautés issues de l’immigration récente mal intégrées car souvent originaires de cultures très différentes de celle de l’Europe, avec des populations jeunes très perturbées par l’influence des réseaux sociaux et des substances addictives ? Alors que les régimes totalitaires n’hésitent pas à endoctriner et enrégimenter leurs populations – et notamment les plus jeunes - et n’hésitent pas à les envoyer à la guerre et à la mort, les démocraties libérales répugnent toujours à le faire parce qu’elles sont porteuses de valeurs de liberté, pacifistes et universalistes. Les populations européennes sont-elles prêtes à aller se battre et à mourir pour défendre leurs valeurs et leur système socio-politique ? Plutôt rouge que mort disait-on, autrefois, à propos de la menace de la Russie communiste… Face à des régimes impériaux qui rêvent de la coloniser enfin en jouant sur l’éparpillement des différents Etats-Nations qui la constituent, l’Union Européenne doit décider de mettre en place en urgence les différents moyens institutionnels, scientifiques et économiques qui lui permettront de devenir une véritable puissance. C’est le sujet vital qui doit être soumis à l’ensemble des citoyens de l’Europe.

Lettre d’Amérique latine (2) : la Colombie : entre pacification et réconciliation, un chemin semé d’embûches

par Erévan Rebeyrotte le 18 mars 2025
Après le Mexique, la Colombie se trouve sous le regard attentif du Laboratoire, grâce à la présence de l’un de ses chargés de mission, Erévan Rebeyrotte, en Amérique du Sud. Ce pays, riche de son histoire et de sa culture, est souvent perçu à travers le prisme de ses luttes internes. La Colombie, démocratique et résolument attachée à ses principes républicains, a toujours été une république intacte, un contraste frappant avec des nations comme la France, où la république est parfois remise en question. Mais, malgré ses fondements solides, la Colombie a dû faire face à un défi majeur : pacifier ses différents conflits internes. La paix ici prend de multiples visages : la paix urbaine, la paix sociale, la paix internationale, et bien sûr, la paix avec un passé lourd de violence. C’est dans ce cadre que je me suis entretenu avec Yves Basset, professeur de sciences politiques à l’Université de La Riota à Bogotá, dont les paroles résonnent encore dans ma réflexion sur la pacification du pays.
Photo/droite: président Gustavo Petro /gauche: Atanas Mockus Faut-il s'habiller en « carotte » ou exhiber son « arrière-train » pour promouvoir la paix et le retour à l'ordre républicain ? Une question étonnante mais non dénuée de sens à la lumière des actions d'Atanas Mockus, ancien maire de Bogotá, ancien sénateur et candidat à la présidence. Au début du siècle, sa victoire électorale fut une surprise, et sa réélection, un véritable phénomène. Dans une capitale en proie à la violence et à l'anarchie, il introduisit la « loi des carottes », une série d'initiatives ludiques et symboliques visant à sensibiliser les citoyens à la nécessité du civisme. Des mimes en blanc, des panneaux de signalisation insolites et des gestes simples comme des pouces levés ou baissés ont transformé Bogotá, la ville où plus de 1 100 personnes mourraient chaque année sous les roues des voitures, en un modèle de pacification. En 2003, ce chiffre était descendu à moins de 600, prouvant qu'un autre chemin était possible. Mais la pacification de la Colombie ne se limite pas à des exemples isolés comme celui de Bogotá. Le pays a connu une transition nationale intéressante. Après des décennies de gouvernements de droite réfractaires à tout changement, le pays a élu en 2022 son premier président de gauche, Gustavo Petro. Ce fut un tournant majeur, non sans turbulences. L’histoire récente du pays a été marquée par des crises sociales, la répression violente des manifestations et la gestion difficile des accords de paix. La gauche au pouvoir, en dépit de ses promesses de transformation, a dû faire face à la réalité d’une majorité parlementaire insuffisante et à des réformes difficilement réalisables. Les attentes étaient élevées, notamment concernant la "paix totale", un programme ambitieux de négociation avec tous les groupes armés, anciens guérilleros et anciens paramilitaires. Pourtant, entre 2016 et 2020, plus de mille militants colombiens, écologistes, syndicalistes, et défenseurs des droits indigènes ont perdu la vie. Le pays s’enfonçait encore davantage dans un cycle de violence, malgré les promesses de pacification. Dans ce contexte, Yves Basset soulignait l'importance de ne pas voir la paix comme une simple négociation avec les groupes armés, mais comme un véritable travail de réconciliation sociale, incluant des réformes profondes sur les droits humains et la répartition des terres. En dépit des échecs de réformes, il existe des avancées notables. Le gouvernement a pu faire passer sa réforme des retraites (qui risque prochainement d’être censurée par le Conseil constitutionnel à cause de débats houleux jugés trop rapides au Congrès). Un autre exemple, la réforme agraire, clé dans les accords de paix signés avec les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), a permis de formaliser la propriété de vastes étendues de terre et de commencer à redistribuer ces biens dans un pays où la violence des inégalités foncières était une source constante de conflit. Il y a également eu des progrès significatifs dans la gestion des manifestations sociales. Alors que les gouvernements précédents de droite les réprimaient très violemment, suspectant que les guérilleros se cachaient dans les cortèges, les manifestations à partir de 2022 ont été globalement pacifiques et gérées de manière plus sereine. Concernant les FARC, après leur démobilisation, le groupe s’est transformé en un parti politique appelé "Comunes". Bien que cinq sièges au Sénat et à l’Assemblée aient été accordés, la situation politique reste fragile pour l'ex-guérilla, qui peine à s’intégrer pleinement dans le paysage politique colombien. Un autre groupe dissident, l’État-major central, continue d’être actif, et les tentatives de négociation n’ont pas donné de résultats concrets. Lors de mon séjour à Bogotá, Maria-Emilia, une militante pour les droits des femmes et des LGBTQIA+, m’a expliqué que l’intégration des anciens guérilleros dans la société colombienne reste une tâche complexe. Les femmes, maltraitées dans le cadre de leur ancienne vie de guérillères, doivent réapprendre à vivre en société. Quant aux ex-membres des FARC, beaucoup d’entre eux peinent à se reconvertir, notamment à cause des compétences acquises dans des activités illégales comme la contrebande ou le narcotrafic où ils gagnaient bien mieux leur vie. Sur le plan social, des progrès ont également été réalisés pour les minorités, notamment afro-colombiennes, même si de nombreux défis demeurent. La montée en puissance de la première vice-présidente afro-colombienne a marqué un tournant dans la reconnaissance de ces populations, mais la route reste semée d’embûches, comme l’atteste l’incident de "blackface" que j’ai vu lors du Carnaval de Barranquilla. Il reste encore beaucoup à accomplir pour déconstruire les stéréotypes, notamment racistes. Le débat sur l'histoire du pays demeure largement fermé à cause des récents déboulonnages des statues de conquistadors. La violence de cet acte, couplée à son héritage historique, n'a pas encore suffi à mobiliser la population vers des actions concrètes. Le président, dans la dernière année de son mandat, envisage de tenir des référendums afin de clarifier l'opinion publique et d'ouvrir un espace de réflexion sur ces questions. À l’international, la Colombie navigue avec prudence dans ses relations diplomatiques, notamment avec les États-Unis. Bien qu’il existe une coopération étroite entre les deux pays, particulièrement en matière de lutte contre le narcotrafic, le climat politique de la région reste instable. L'élection de Donald Trump, qui a généré des tensions sur la question des immigrés, a incité le gouvernement colombien à prendre des mesures pour protéger ses citoyens. Mais les relations restent tendues et le pays doit gérer ses alliances avec prudence. Les deux présidents ont une fâcheuse habitude à s’envoyer des « piques » par l’intermédiaire du réseau social X. Cela ne procure rien de bons dans les relations entre les deux pays notamment en septembre lorsque les Etats-Unis devront choisir de redonner un blanc-seing visant à continuer les relations pour lutter contre les narcotrafiquants. Malgré les épreuves et les échecs, la Colombie avance sur son chemin de pacification. Les promesses de réconciliation sont souvent retardées par des obstacles politiques, sociaux et économiques, mais elles ne sont pas abandonnées. Yves Basset nous rappelle que la paix en Colombie est un processus complexe et multifacette, qui nécessite la participation de tous les acteurs, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Et tandis que le processus de pacification continue de se déployer, la Colombie se transforme lentement, avec l'espoir que, finalement, la paix soit plus qu'une simple négociation : un véritable changement social et politique. Lire la « Lettre d’Amérique latine (1) : Le Mexique face aux défis internationaux sous la réélection de Donald Trump » : https://www.lelaboratoiredelarepublique.fr/debattre/lettre-damerique-latine-1-le-mexique-face-aux-defis-internationaux-sous-la-reelection-de-donald-trump/ Autres sources : Infobae El Espectador Libération

Un nouveau gouvernement à Berlin : quelles implications ?

par Christian Lequesne le 7 mars 2025 photo de Christian Lequesne
Quatre questions à Christian Lequesne, membre du Conseil scientifique du Laboratoire de la République, co-animateur de la commission géopolitique et professeur de science politique à Sciences Po.
Quelles leçons tirer des élections allemandes ? Il y en quatre essentiellement. D'abord, il y a en Allemagne, comme dans tous les pays européens d’ailleurs, un éclatement des votes. Le bipartisme CDU-SPD est révolu. On assiste aussi à une montée claire et nette de l’extrême droite (20%), ce qui n’est pas banal pour Allemagne compte tenu de son histoire. La social-démocratie s’écroule alors que la gauche radicale (Die Linke) fait un bon score et que les écologistes (Die Grüne) se maintiennent. Enfin, le parti chrétien-démocrate de centre-droit, CDU/CSU, malgré la baisse de ses scores, reste un parti fort, puisqu’il recueille 28% des voix. Ceci signifie que l’Allemagne possède encore un grand parti de masse de centre-droit qui appelle à une politique centriste, pro-européenne et modérée. Quelle coalition sera formée ? Le leader de la CDU/CSU, Friedrich Merz, qui arrive en tête des élections, sera le futur chancelier. Il n’a guère d’autre choix que de s’allier avec le Parti social-démocrate (SPD). On continue de parler en Allemagne d’une « grande coalition » bien que le terme soit impropre puisque le SPD n’est que le troisième parti après la CDU/CSU et l’AFD. Les écologistes ont fait un score trop bas pour pouvoir être l’allié des chrétiens-démocrates. C’est dommage, car ce parti aurait été complémentaire de la CDU-CSU. Au niveau régional, l’attelage entre les chrétiens-démocrates et les Verts fonctionne généralement très bien. Il est vrai que les Verts ne sont plus du tout ce qu’ils étaient à leur création dans les années 80. Ce parti, s’il considère prioritaire la décarbonisation de l’économie, est aussi très favorable à un développement des dépenses en matière de défense. Qui l’eût cru ? Il n’y aura pas de coalition avant avril 2025. En Allemagne, les partis qui gouvernent doivent conclure un accord de coalition et cela prend du temps, car c’est une feuille de route détaillée à laquelle le gouvernement se tient généralement. Que peut-on attendre de la coalition entre la CDU/CSU et le SPD ? Au plan interne, ce n’est pas l’attelage qui sera le plus réformiste, alors même que le modèle économique allemand qui reposait sur un gaz russe peu cher et des exportations fortes vers la Chine et les Etats-Unis, est essoufflé. On n’assistera guère à une volonté de transformer le modèle mais de plutôt à le faire fonctionner le mieux possible. Les chrétiens-démocrates se concentreront sur la libéralisation de l’économie (moins de régulation, moins de taxes pour les entreprises) et les sociaux-démocrates essayeront de sauver un Etat-Providence réformé. Il y a de fortes chances pour que les deux partis s’accordent sur une utilisation plus flexible du fameux « frein à la dette ». Ce principe constitutionnel empêche les investissements par la dette publique, alors qu’il y a un cruel besoin de renouveler les infrastructures, notamment dans la partie ouest du pays. Pour ce qui concerne la politique européenne et étrangère, le nouveau chancelier jouera la carte de la coopération avec la France. Il est aussi prêt, et c’est assez remarquable pour un chrétien -démocrate, à considérer que l’Europe s’affranchisse de la seule garantie de sécurité américaine. Il l’a dit ouvertement et c’était courageux de le faire. Les Allemands ne veulent pas laisser tomber l’Ukraine mais ils doivent aussi dépenser plus pour la défense. Sur ce plan, les sociaux-démocrates sont plus conservateurs. Et il faut espérer qu’ils n’empêchent pas l’Allemagne d’augmenter ses dépenses militaires. De même, une partie du SPD est traditionnellement très « compréhensif » à l’égard de la Russie. Il faut espérer que cela ne nuise pas à la coopération absolument nécessaire entre Européens pour essayer de lancer un plan de paix qui ne soit pas complètement aux conditions de Poutine, alors même ce dernier se sent désormais protéger par la nouvelle politique étrangère de Washington. Quelles implications pour la coopération de l’Allemagne avec la France ? Le futur chancelier Merz est attaché à la construction européenne, dans la tradition des chrétiens-démocrates rhénans (il est originaire de la Rhénanie du nord Westphalie). Emmanuel Macron devrait s’entendre mieux avec lui qu’avec son prédécesseur Olaf Scholz. Merz comprend le sens du concept d’autonomie stratégique soutenu par le président français depuis plus années. Il devra toutefois composer avec les sociaux-démocrates. Ce sera certainement l’occasion de batailles internes tant ces derniers restent sur des positions traditionnelles en matière de sécurité. On verra donc, mais Merz ouvre au moins la possibilité d’un soutien au changement que Macron appelle de ses voeux. En matière de défense européenne, rien n’est possible sans un triangle Paris-Berlin-Varsovien, auquel est associé la Grande-Bretagne malgré le Brexit. La réunion de Londres a montré le 2 mars 2025 que les Allemands étaient solidaires des autres Européens, bien qu’ils ne soient pas prêts encore à dire ouvertement qu’ils enverraient des troupes en Ukraine.

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