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Du 29 au 31 août 2024 : Université d’été du Laboratoire de la République à Autun

le 23 août 2024 Visuel de l'Université d'été du Laboratoire de la République
Du 29 au 31 août, l'Université d’été du Laboratoire de la République prend ses quartiers à Autun, au cœur de la Bourgogne. Dans un contexte de crise inédite en France et à l’international, ces 3 jours permettront d’échanger et d’être force de proposition sur les grands enjeux auxquels notre République est confrontée. Ouverte à tous, cette première édition est placée sous le signe de la Jeunesse et de l’égalité des territoires.
Présentation_Universitédété_Laboratoire_de_la_RépubliqueTélécharger PROGRAMME_Université_d_été_Laboratoire_de_la_RépubliqueTélécharger Les inscriptions sont fermées. Quand ? Du 29 au 31 août 2024 Où ? À Autun Gare Le Creusot – Montceau TGV (à 30 min en voiture ou navettes de bus)TGV pour Paris Gare de Lyon : 1h20TGV pour Lyon : 40 minutes IMPORTANT : Pour trouver votre horaire de TGV sur le site SNCF Connect, indiquez en gare de destination « Le Creusot-Montceau TGV » (non pas « Autun »)

Jeudi 12 septembre : Conversation éclairée de Dominique Schnapper

le 5 août 2024 Conversation éclairée de Dominique Schnapper
Jeudi 12 septembre, à la Maison de l'Amérique latine, le Laboratoire de la République vous invite au rendez-vous des "Conversations éclairées". Brice Couturier reçoit Dominique Schnapper pour son dernier ouvrage : "Les désillusions de la démocratie" aux éditions Gallimard.
"Les démocraties sont menacées dans leur existence par la guerre que mène Vladimir Poutine en Ukraine, soutenu par les gouvernements de la Chine, de la Corée du Nord, de l’Iran, de l’Inde et de la Turquie, unis par une commune détestation de l’Occident, c’est-à-dire de la démocratie, et par la volonté de détruire celle-ci. Les démocraties trouveront-elles en elles-mêmes la volonté de se défendre ? Ne sont-elles pas fragilisées par leur propre dynamique ?La critique interne de la démocratie est aussi vieille que la démocratie elle-même. Sa légitimité ne repose ni sur la tradition, ni sur la nature, ni sur une référence transcendantale, mais sur les pratiques de ses membres. Ceux-ci s’interrogent sur les écarts qu’ils observent entre les réalités sociales et les principes affichés. Inévitablement, ils jugent la démocratie, au nom de ses propres valeurs, comme pas assez démocratique ou comme trop démocratique. L’idéal de citoyens libres et égaux traitant rationnellement des affaires communes n’est jamais et ne peut jamais être pleinement réalisé. Et l’aspiration à la liberté et à l’égalité risque en permanence d’être dévoyée par le refus des limites et du contrôle. On peut craindre que les démocraties ne soient à ce double titre menacées de délitement.Cette interrogation inquiète sur les insuffisances et les excès possibles de la démocratie « extrême » ne date pas du XXIe siècle mais, dans le monde d’aujourd’hui, elle se pose avec une acuité particulière." (4ème de couverture) Dominique Schnapper a été membre du Conseil constitutionnel de 2001 à 2010. Elle a été présidente du conseil scientifique de la DILCRAH, puis présidente du Conseil des sages de la laïcité. Sociologue renommée, elle présentera son dernier ouvrage : "Les désillusions de la démocratie" aux éditions Gallimard. Brice Couturier animera cette "conversation éclairée". Échanges suivis d’un cocktail et d'une séance de dédicaces Quand ? Jeudi 12 septembre, 19h Où ? Maison de l'Amérique latine 217, Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris Participation libre, inscription obligatoire Pour vous inscrire, cliquez-ici

La voix de la jeunesse : valeurs républicaines et valeurs olympiques, quels liens et quelle promotion pour les JO de 2024 ?

le 22 juillet 2024
À l’occasion des Jeux olympiques, le Laboratoire de la République interroge certains de ses membres les plus jeunes. Swann, Layal et Charlotte partagent avec nous leurs opinions, observations et comparaisons entre les valeurs olympiques et celles républicaines. Ils font part de leur intérêt pour les Jeux olympiques de Paris qui commenceront le 26 juillet.
Le Laboratoire de la République : Participerez-vous ou assisterez-vous aux JO de 2024 ? Quel est votre intérêt pour cet événement ? Swann : Honnêtement, je suis partagé. D'un côté, je pense que c’est une occasion unique de vivre un moment convivial dans notre capitale, et nous devrions nous réjouir de cette chance. Toutefois, les contraintes financières et organisationnelles limitent mon intérêt dans ces jeux. Il aurait été appréciable d'avoir plus d'options pour obtenir des places gratuites ou à prix réduits pour la population française. Charlotte : Il y a peut-être une spécificité française là-dedans, mais j'ai entendu très peu de gens s'enthousiasmer à l'idée d'accueillir les JO, un événement rare à Paris. Cela pourrait être révélateur des valeurs de fraternité et d'unité que le sport est censé promouvoir. À part la Coupe du monde de football, qui est le dernier grand événement sportif où l'on voyait des drapeaux français et où les gens chantaient la Marseillaise, il n'y a plus grand-chose qui fédère autant. Aujourd'hui, les gens sont surtout mécontents à l'idée des JO à cause des coûts pour les contribuables. Layal : En France, nous sommes beaucoup moins unis autour du sport que les pays anglo-saxons, comme les États-Unis. Par exemple, pendant la pandémie de COVID, une équipe de hockey a pu voyager pour participer à un championnat, et tout le pays trouvait cela positif. Si cela s'était passé en France, nous aurions plutôt réagi en nous plaignant que les sportifs puissent voyager alors que nous ne le pouvons pas. Ce n'est plus vraiment dans notre culture de nous rassembler autour du sport, contrairement à ces pays. Swann : Teddy Riner avait souligné que le sport est en France relégué au second plan par rapport à d'autres pays. Pour moi, cela relève aussi des choix internationaux du Comité International Olympique. Les derniers JO ont été tellement politisés, avec une volonté de projeter une belle image, que cela a entraîné des crises financières en Grèce et au Brésil. Cela a un peu détourné l'image du côté sportif et de l'unité que les JO sont censés représenter. Le Laboratoire de la République : Les valeurs olympiques et républicaines sont-elles liées ? En quoi se ressemblent-elles ? Swann : Les trois valeurs de l’Olympisme sont l’excellence, l’amitié et le respect. Lorsqu'on pratique un sport en club, on réalise rapidement que malgré nos différences sociétales et culturelles, nous sommes unis derrière un même objectif. Cet objectif inclut non seulement la recherche de la victoire, mais aussi l'épanouissement personnel, l'entraide, la résilience et la capacité à se relever après une défaite. Même en cas de défaite, on peut partager un moment avec l'adversaire, ce qui nous renforce mutuellement et nous permet d'apprendre les uns des autres. C'est une expérience unique que l'on retrouve dans la pratique sportive. Ce qui est vraiment impressionnant avec les JO, c'est qu'en regardant les tribunes, on voit des drapeaux de tous les pays. Ce n'est pas seulement une compétition entre plusieurs équipes, mais un mélange de tous les pays, avec des supporters qui viennent représenter leurs couleurs et partager un moment sans qu'il n’y ait réellement de vainqueur ou de perdant à la fin. C'est un véritable moment de partage où nous sommes tous au même niveau, tous égaux. Layal : L'égalité entre hommes et femmes parmi les athlètes est un aspect particulièrement mis en avant cette année. Cette parité exacte montre un engagement fort pour l'égalité des genres dans le sport, ce qui est un véritable progrès vers une représentation équitable dans les JO. De plus, le Comité d'Organisation (COJO) a pris des mesures significatives pour sensibiliser les JO au développement durable. Ils ont mis en place des initiatives visant à rendre les Jeux plus durables sur le plan environnemental et social. Cela inclut la réduction de l'empreinte carbone, la gestion responsable des ressources et la promotion de pratiques durables dans tous les aspects de l'événement, depuis la construction des infrastructures jusqu'à la gestion des déchets et l'utilisation des transports. En intégrant ces valeurs d'égalité et de durabilité, les JO de cette année jouent un rôle important non seulement dans la promotion du sport de haut niveau, mais aussi dans la promotion des valeurs républicaines telles que l'égalité, la solidarité et la responsabilité environnementale. Charlotte : Le sport a toujours été une occasion de refléter également un idéal politique que l'on souhaite promouvoir ou communiquer, de la part des autorités à travers les choix qui sont faits. Cela reflète une certaine tendance politique ou un climat politique, même dans les choix relatifs à la cérémonie d'ouverture, la sélection des chanteurs, et d'autres décisions qui expriment une volonté gouvernementale. Les JO sont aussi un moyen d'expression et de tribune pour certains athlètes, leur offrant visibilité et une plateforme pour faire reconnaître leur sport. En France notamment, il y a eu récemment des exemples d'athlètes français qui ont saisi l'occasion des JO pour s'exprimer sur des sujets importants. Les Jeux paralympiques qui suivent bénéficient indirectement de cette visibilité, car il n'y aurait probablement pas d'autre compétition internationale qui réunirait autant de sponsors et de moyens pour mettre en valeur les athlètes. Les JO ne sont pas seulement une compétition sportive, mais aussi une plateforme culturelle et politique qui peut avoir un impact significatif dans la société. Le Laboratoire de la République : Comment ces JO 2024 en France peuvent-elles promouvoir les valeurs républicaines ? Swann : C'est vrai que l'ambiance et le climat autour des JO jouent énormément sur l'image renvoyée par les pays participants en matière de respect sportif. Je me souviens qu'aux JO de Rio en 2016, l'athlète français Renaud Lavillenie avait été hué dans les tribunes. Charlotte : Cela renvoie immédiatement une mauvaise image du public brésilien. Les JO sont une plateforme mondiale qui peut entretenir certains stéréotypes, notamment sur les Français qui sont parfois vus comme de mauvais joueurs ou de mauvais perdants. Par exemple, il y a eu cet incident avec le tennisman belge qui a essuyé des crachats de la part d’une partie du public après avoir battu un joueur français à Roland-Garros. Les valeurs républicaines prônent le respect et la fraternité, et c'est justement l'occasion de montrer ces valeurs. Layal : Les JO peuvent promouvoir l’engagement citoyen pour aider dans la tâche difficile d’organisation. J'ai postulé pour être bénévole mais je n'ai pas été retenue. Je voulais vraiment m'engager. Je pense que quand on est impliqué dans un projet, c'est une expérience unique. Contribuer à l'organisation des JO est quelque chose que l'on ne fait pas tous les jours dans sa vie. Les Jeux Olympiques sont l'occasion de rassembler les citoyens du monde entier au-delà de leurs nationalités. Swann Riché est étudiant en Master 1 Droit privé général à Paris-Panthéon-Assas, ancien membre du comité directeur de l'association sportive d'Assas. Layal Pages est étudiante en Master 1 Droit international à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Charlotte Boutheroüe Desmarais est étudiante en Master 1 à l’ESCP.

Jean-Michel Blanquer : « Jamais l’offre politique n’a été autant en inadéquation avec la demande »

le 27 juin 2024 Jean-Michel Blanquer_Le_Point
EXCLUSIF. L’ex-ministre de l’Éducation nationale regrette que le « en même temps » soit apparu, à partir de 2022, comme une « série de zigzags ». Et juge la tripolarité « mortifère ».
Propos recueillis par Jérôme Cordelier Publié le 26/06/2024 à 06h20, mis à jour le 26/06/2024 à 08h07 Jean-Michel Blanquer sort du silence. Celui qui fut un des piliers du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, au poste stratégique de ministre de l'Éducation qu'il a occupé de bout en bout durant cinq ans (longévité record), ne s'était pas exprimé depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République. En exclusivité pour Le Point, le professeur de droit public à l'université Paris 2 Panthéon-Assas et fondateur du cercle de réflexion et d'action Laboratoire de la République tire les premiers enseignements politiques et institutionnels du séisme politique que nous vivons. Jean-Michel Blanquer sort du silence. Celui qui fut un des piliers du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, au poste stratégique de ministre de l'Éducation qu'il a occupé de bout en bout durant cinq ans (longévité record), ne s'était pas exprimé depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République. En exclusivité pour Le Point, le professeur de droit public à l'université Paris 2 Panthéon-Assas et fondateur du cercle de réflexion et d'action Laboratoire de la République tire les premiers enseignements politiques et institutionnels du séisme politique que nous vivons. Le Point : On ne vous a pas entendu depuis le choc de la dissolution. Pourquoi ? Vous avez été sidéré par cette décision comme nombre de Français ? Jean-Michel Blanquer : Il faut prendre le temps de la réflexion avant de s'exprimer. Les circonstances sont graves. Elles exigent de parler avec parcimonie et justesse si l'on veut être entendu et si l'on cherche ce qui permettra à la France de sortir par le haut de cette crise. Vous qui avez été l'un des piliers des gouvernements Macron pendant cinq ans, quelle lecture faites-vous de la confusion politique actuelle ? Jamais l'offre politique n'a été autant en inadéquation avec la demande politique. J'ai le sentiment que trois Français sur quatre veulent pour l'essentiel la même chose : une société avec plus d'ordre et de justice, un pays qui saurait mieux maîtriser son destin par une ligne claire et équilibrée. Or, ils n'ont pas les canaux politiques pour réaliser cette attente. C'était la promesse de 2017. À mes yeux, elle garde toute sa valeur mais elle a été perdue en chemin. En premier lieu, il y a eu une déstructuration de l'offre politique à partir du moment où le « en même temps » est apparu, en 2022, comme une série de zigzags au lieu d'être un dépassement des clivages par le haut. Cela supposait en particulier une ligne républicaine claire, simple et constante. J'ai été l'un des inspirateurs et des fermes soutiens du discours des Mureaux d'octobre 2020. Si cette ligne d'autorité républicaine avait été tenue jusqu'à aujourd'hui, il y aurait eu en 2022 une majorité absolue et nous serions actuellement dans une situation stable et sereine. « Le face-à-face macronisme-lepénisme ne peut rien porter de bon. Et la tripolarité avec une gauche inféodée à LFI est plus mortifère encore. On doit rétablir de la biodiversité politique. » En second lieu, l'offre politique est confuse parce qu'on a laissé monter les extrêmes, ce qui a d'abord détruit la gauche et la droite républicaines et menace maintenant le centre. Le face-à-face macronisme-lepénisme ne peut rien porter de bon. Et la tripolarité avec une gauche inféodée à LFI est plus mortifère encore. On doit rétablir de la biodiversité politique. Cela signifie que l'on doit appeler l'électorat, non pas à un front républicain, mais à un vote pour les partis républicains. Ce n'est pas la même chose. Il faut desserrer l'étau. Il faudra ensuite des coalitions saines permettant de gouverner le pays. Aujourd'hui, chaque circonscription est un cas particulier. Et la seule certitude est qu'il faut empêcher à tout prix les duels de deuxième tour entre le soi-disant « Nouveau Front populaire » et le soi-disant « Rassemblement national ». Au passage, notons que jamais deux noms n'ont été si mal portés. Édouard Philippe, François Bayrou, Bruno Le Maire et même Gabriel Attal ont pris leur distance avec le chef de l'État. Et vous ? J'ai une âme de mousquetaire. Je ne lâche jamais une cause ou un être que je sers. Mais, dans mon cas, c'est le président qui a pris ses distances parce que ma ligne agaçait par son républicanisme intransigeant. Édouard Philippe a pour la première fois acté sa rupture avec Emmanuel Macron en lui reprochant d'avoir « tué (sa) majorité ». Il a raison ? Ces questions devront être traitées et approfondies après les élections législatives. Ce qui compte maintenant, c'est que les forces républicaines l'emportent dans un maximum de circonscriptions. Gabriel Attal joue-t-il pour son camp ou pour lui-même ? Gabriel Attal a des talents de communication que personne ne conteste. Ils n'ont pas servi à empêcher la montée du RN, dont l'écart avec Renaissance a triplé de janvier à juin. Espérons que son implication actuelle sera plus efficace pour son camp. Peut-on éviter que ces élections se réduisent à un affrontement RN LFI ? Oui ! C'est une question de volonté. Encore une fois, c'est un enjeu d'offre politique. La proposition du camp républicain ne peut pas n'être que défensive. Ce ne doit pas être seulement d'empêcher les extrêmes d'arriver au pouvoir. Elle doit correspondre à un projet de société. L'environnement, l'éducation, la santé, la sécurité sont les piliers de cette définition d'un bon avenir pour nos enfants. Il y a tant de choses à proposer. Les idées ne manquent pas. Nous sortirons de cette nasse par un nouveau projet de société, pas en nous enfermant uniquement dans la lutte contre les extrêmes. Le retour à l'équilibre des comptes passera par un changement complet d'approche de la dépense publique. Nous dépensons beaucoup trop pour réparer et pas assez pour investir. La prise en compte des grandes révolutions de notre temps, je pense surtout à l'intelligence artificielle, et des grands défis présents – environnementaux et géopolitiques en particulier – appellent à une nouvelle créativité politique. C'est pourquoi la recomposition politique devra être totale. Pensez-vous qu'une coalition de modérés soit encore possible ? Qui pourrait l'incarner ? Oui, une coalition de modérés est possible. Mais aujourd'hui, il faut surtout avoir le sens du collectif. L'incarnation ne doit pas précéder le projet. Il y a plus le trop-plein que le vide en la matière. N'excluons pas l'hypothèse d'une personnalité neuve en mesure de fédérer des forces différentes. Bernard Cazeneuve, Manuel Valls et Jérôme Guedj sont les trois seuls à avoir dénoncé l'accord du Nouveau Front populaire avec LFI. Pourquoi sont-ils si isolés à gauche ? Ces trois hommes sont très estimables. Ils ont sauvé l'honneur de la gauche. C'est certainement avec eux qu'il faudra compter pour qu'elle se reconstruise sur des bases saines. Le Nouveau Front populaire est un déshonneur pour ceux qui viennent de s'y adonner. Ils usurpent un nom glorieux pour une cause honteuse. Comment au XXI siècle peut-on s'associer à un parti dont l'antisémitisme est malheureusement avéré ? ! Qu'auraient dit les mêmes si des personnalités de droite avaient fait le même calcul ? On peut paraphraser la formule utilisée envers les munichois : « Ils ont perdu et leur honneur et la guerre. » Car s'asseoir sur ses valeurs est non seulement une faute morale mais aussi une erreur stratégique. Former un cartel purement électoral pourrait ne pas être productif pour la gauche. Et totalement contre-productif pour vaincre l'extrême droite, cela, c'est certain. Trop souvent, nous aurons le cas d'un candidat « Front populaire » se qualifiant pour le second tour qui s'effondrera face au RN alors qu'un candidat des forces républicaines l'aurait emporté. On est donc en présence d'un cynisme au carré. Voter Nouveau Front populaire, c'est, premièrement, cautionner l'alliance avec des antisémites, et, deuxièmement, favoriser le Rassemblement national. Cela devrait faire réfléchir nombre d'électeurs de gauche. Le leadership doit complètement changer de ce côté-là. Il est inouï de voir des « chefs » transformer l'or de 14 % à l'élection européenne en plomb de la soumission aux Insoumis. Vous qui venez de la société civile, croyez-vous encore à la politique ? Oui, bien sûr. Affirmer le contraire n'aurait aucun sens. Qu'est-ce que la politique sinon la réunion des citoyens pour définir ensemble un destin commun. Notre société est travaillée par l'individualisme, le communautarisme et le matérialisme. Elle se détériore à cause de cela et cela laisse la place aux extrêmes qui bénéficient de l'angoisse ainsi créée. Il faut plus que jamais retrouver le sens du contrat social. « Parmi d’autres idées, je finis par me demander s’il ne faudrait pas introduire dans la Constitution l’exigence d’avoir exercé une activité professionnelle pendant au moins dix ans pour accéder à une fonction gouvernementale. » De nombreux Français sont affligés par le spectacle que donnent les responsables politiques, toutes tendances confondues. Et vous ? On ne retient que ce qui est affligeant. Le bien ne fait pas de bruit. Il y a pourtant de nombreux responsables politiques qui agissent pour le bien commun. Cela se voit à l'échelle locale. À l'échelle nationale, il n'y a pas moins de vertus. Mais elles sont plus attaquées. Tout tire vers le bas par l'excitation des passions, l'esprit de dérision, la critique caricaturale. La dévalorisation de la fonction politique risque d'éloigner les profils les plus valables. Parmi d'autres idées, je finis par me demander s'il ne faudrait pas introduire dans la Constitution l'exigence d'avoir exercé une activité professionnelle pendant au moins dix ans pour accéder à une fonction gouvernementale. La domination de la logique de communication est délétère. Vous qui êtes professeur de droit public et constitutionnaliste percevez-vous une crise de régime ? Il y a la lettre et l'esprit des institutions. Les deux doivent être respectés. L'article 12 – qui permet la dissolution – fait partie des « pouvoirs propres » du président, de ces prérogatives qu'il peut exercer sans contreseing des ministres. Mais pouvoir propre ne veut pas dire pouvoir discrétionnaire. Dissoudre un soir d'élection est un contresens. Cette décision ouvre une cicatrice d'un siècle et demi. En 1877, l'usage de la dissolution par le président Mac Mahon avait abouti à une crise de la III République naissante et à une éclipse de la fonction présidentielle jusqu'à 1958. Les dissolutions ont été très rares depuis 1955 et un recours exceptionnel à l'initiative d'Edgar Faure. Elles ont servi à résoudre des désaccords entre l'exécutif et le Parlement, à aligner une majorité parlementaire sur une nouvelle majorité présidentielle ou à faire trancher par les urnes des troubles dans la société. Déjà, la dissolution de 1997 avait été mal fondée et aurait dû servir de cuti de rappel. Le président aurait pu dissoudre à la rentrée pour tenir compte d'une éventuelle impasse parlementaire. Cela aurait été naturel et compréhensible. Mais on ne fait pas arbitrer une élection – dont on a dit en plus à l'avance qu'elle ne concernait que l'Europe – par une autre élection. La dissolution n'est pas faite pour cela. Cela peut ouvrir une crise de régime. Cela dépend de nous. Prenons garde de ne pas perdre au passage ce que les institutions de la V République gardent de très précieux pour nous dès Mais on ne fait pas arbitrer une élection – dont on a dit en plus à l'avance qu'elle ne concernait que l'Europe – par une autre élection. La dissolution n'est pas faite pour cela. Cela peut ouvrir une crise de régime. Cela dépend de nous. Prenons garde de ne pas perdre au passage ce que les institutions de la V République gardent de très précieux pour nous dès lors que l'on en fait bon usage. Lire : EXCLUSIF. Jean-Michel Blanquer : « Jamais l’offre politique n’a été autant en inadéquation avec la demande » (lepoint.fr) Crédit photo : © Gregoire Elodie / BLANQUER-Gregoire Elodie/ABACA

Décryptage de l’actualité démocratique à l’approche des élections législatives

par L'équipe du Lab' le 27 juin 2024 photo du 26 juin et décryptage des élections législatives
Mercredi 26 juin, à la maison de l’Amérique latine, Jean-Michel Blanquer, Benjamin Morel et Brice Couturier se sont réunis afin de décrypter les enjeux des élections législatives et la situation politique suite à la dissolution.
Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l'Éducation nationale et président du Laboratoire de la République, Benjamin Morel, maître de conférences en droit public, et Brice Couturier, journaliste et essayiste, ont offert leur expertise sur la situation politique et électorale suite à la récente dissolution de l'Assemblée nationale. La discussion a principalement porté sur les implications de cette dissolution, les enjeux du prochain scrutin et la nécessité d’une véritable mobilisation citoyenne. Chaque intervenant a apporté une perspective permettant une analyse approfondie du contexte politique actuel et des défis à venir pour la République. L'événement a été un succès, attirant une audience attentive et engagée, soulignant l’importance du débat public et de la participation citoyenne en ces temps de turbulences politiques. https://youtu.be/FzEmeHcgH38

Changement ! Ce soir, décryptage de l’actualité démocratique et politique de la France

le 26 juin 2024 Evènement remplacé_conversation_eclairee_Dominique_Schnapper
RDV ce soir 19h à la maison de l’Amérique latine! Dominique Schnapper, souffrante, ne pourra malheureusement être présente. Néanmoins le contexte politique nécessite une analyse et une véritable mobilisation citoyenne. Le Laboratoire de la République réunit Jean-Michel Blanquer, Benjamin Morel, Chloé Morin, Brice Couturier afin de décrypter les enjeux du scrutin et la situation politique suite à la dissolution.
RDV ce soir 19h à la maison de l’Amérique latine ! Dominique Schnapper, souffrante, ne pourra malheureusement être présente. Néanmoins le contexte politique nécessite une analyse et une véritable mobilisation citoyenne. Le Laboratoire de la République réunit Jean-Michel Blanquer, Benjamin Morel, Chloé Morin, Brice Couturier afin de décrypter les enjeux du scrutin et la situation politique suite à la dissolution. Lire l'article du Point "Jean-Michel Blanquer : « Jamais l’offre politique n’a été autant en inadéquation avec la demande »"

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