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Marseille : la cause arménienne est l’affaire de tous

le 20 octobre 2023
La mobilisation arménienne du 19 octobre a permis le lancement de l'antenne du Laboratoire à Marseille. Des chercheurs, élus, associations et citoyens se sont réunis pour échanger sur la situation de l'Arménie après l'agression du Haut-Karabagh. En présence de Pascal Chamassian, responsable Amnésie internationale - Jeunesse Arménienne de France, Taline Papazian, docteur en science politique, enseignante à Sciences Po Aix et directrice de l'ONG Armenia Peace Initiative et la députée Anne-Laurence Petel, présidente du groupe d'amitié France-Arménie à l'Assemblée nationale.
https://youtu.be/HLwBJmlciV0 Prise de parole d'Anne-Laurence Petel, députée des Bouches-du-Rhône et présidente du groupe d'amitié France-Arménie à l'Assemblée nationale

Extension du domaine de la guerre

par Jean-François Cervel le 7 avril 2023 Cervel
Jean-François Cervel, ancien inspecteur général de l'Éducation nationale, ancien directeur du Cnous (Centre national des oeuvres universitaires et scolaires) et membre de la commission géopolitique du Laboratoire de la République nous éclaire sur la situation géopolitique d'aujourd'hui. Selon lui, l’évolution des évènements internationaux au long des dernières semaines confirme l’inéluctable montée d’une logique d’affrontement entre le bloc des démocraties libérales et le bloc des régimes totalitaires.
Vladimir Poutine vient de dire clairement quels étaient ses objectifs lorsqu’il a engagé la guerre contre l’Ukraine. Par-delà les occupations territoriales, il s’agissait d’empêcher que l’Ukraine ne rejoigne le camp des démocraties libérales. Il s’agissait de défendre le camp des valeurs traditionnelles contre le camp de la décadence occidentale. Il s’agissait de réintégrer l’Ukraine dans le giron du grand Empire euro-asiatique défenseur de l’ordre traditionnel. Comme la Biélorussie, l’Ukraine devait redevenir une province de cet empire anti-libéral, de même que les Etats du Caucase et la Moldavie. L’ennemi de Vladimir Poutine, c’est l’Occident libéral. Il affirme clairement qu’il s’agit d’un affrontement global, de puissances, de systèmes et de valeurs. C’est lui qui le dit, démentant ainsi le discours des « réalistes » occidentaux essayant de trouver des excuses à la guerre engagée par le pouvoir russe contre l’Ukraine. Les actions de déstabilisation menées contre la Géorgie et la Moldavie afin de s’opposer à la volonté d’une majorité des populations de ces pays de rejoindre l’Union européenne, s’inscrivent dans le droit fil de cette volonté. La Russie a entamé une guerre complète et inexpiable contre l’Occident libéral considéré comme un ennemi global. En témoignent outre la mise en œuvre d’une guerre particulièrement destructrice, des décisions symboliques comme le retrait de la Russie du processus de Bologne en matière de diplômes d’enseignement supérieur ou la réaffirmation d’une « politique éducative patriotique ». La décision qui a été prise par Vladimir Poutine d’engager une guerre de destruction massive en Ukraine apparait donc clairement comme une décision stratégique. Le conflit sera, de ce fait, de longue durée et la Russie s’organise pour développer son économie de guerre à long terme autour des ressources énergétiques, du complexe militaro-industriel et de ses alliances internationales. Elle bénéficie pour cela, en effet, de ses relations chaque jour renforcées avec l’ensemble des régimes totalitaires qui affichent la même hostilité au système de valeurs libérales au premier rang desquelles le parti communiste chinois et le régime islamique iranien. Le parti communiste chinois vient de réaffirmer clairement son dispositif de dictature en renforçant sa mainmise sur l’ensemble de l’appareil d’Etat et sur l’ensemble du tissu économique. Dans la plus totale opacité, de nouveaux dirigeants ont été désignés par les instances du Parti et le pouvoir sans partage de Xi Jin Ping a été encore renforcé. Son discours a été aussi d’une grande limpidité. Il est violemment et intégralement anti-libéral, sur tous les plans, économique, politique, culturel, idéologique. Il veut un nouvel ordre mondial, dirigé selon les règles du système dictatorial chinois. Ce discours n’est pas nouveau puisque les dirigeants chinois l’affichent depuis longtemps mais il est réaffirmé avec la plus grande brutalité. L’Iran a rejoint cet axe russo-chinois et développe ses liens avec ses deux grands partenaires comme en témoignent les accords signés en matière économique et militaire et les déplacements des plus hauts dirigeants dans chacun de ces pays. Cet ensemble étend à très grande vitesse sa mainmise sur le reste du monde en s’appuyant sur ses états vassaux déjà existants et en faisant basculer dans son camp nombre de pays qui se voulaient non-alignés. Comme à l’époque de la guerre froide une compétition acharnée est engagée sur tous les continents entre le bloc totalitaire et le bloc occidental. Sous prétexte de « désoccidentaliser » le monde, les puissances totalitaires installent leur propre domination en Afrique, en Asie, en Amérique latine. Les provocations militaires de la Corée du Nord participent de cette pression sur l’occident de même que l’aide à la nucléarisation de l’Iran. L’accord qui vient d’être signé, à Pékin, ce vendredi 10 Mars, entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, sous l’égide de la Chine, témoigne de manière aveuglante de ce rapprochement entre régimes autoritaires, autour de la Chine, contre les Etats-Unis et l’occident. Mohamed ben Salman a choisi son camp, celui des régimes totalitaires. Ce n’est pas une surprise puisqu’il partage leur idéologie et qu’il avait déjà montré tout le mépris qu’il a pour les valeurs occidentales et pour les Etats-Unis. Mais c’est une alerte majeure pour les occidentaux et notamment pour les Etats-Unis alliés traditionnels des pays de la péninsule arabique puisque l’Arabie, comme la Turquie avant elle, n’hésite pas, désormais, à acheter des armes chinoises sophistiquées. La pression est donc présente partout. La France la subit, au premier chef, en Afrique mais l’Europe est en première ligne notamment tout autour de la Méditerranée et au Proche-Orient. Dans ce contexte, pouvons-nous continuer à être dans une logique sinon de coopération internationale - comme pendant toute la période dite de « mondialisation » - mais au moins de coexistence pacifique comme semble le défendre le pouvoir chinois ? Quand les pays totalitaires manifestent une telle volonté d’agression et de destruction du système libéral cela semble difficile à envisager. Peut-on faire confiance à des régimes dictatoriaux pour organiser des échanges économiques honnêtes  et, au-delà, une véritable gouvernance raisonnable du monde ? On ne peut qu’en douter. L’affrontement est donc ouvert. Il va utiliser tous les moyens et se développer dans tous les champs. On le voit clairement en matière économique où le pouvoir chinois joue des énormes investissements engagés par les entreprises occidentales sur le territoire de la Chine. On le voit en matière monétaire avec la volonté d’utiliser de moins en moins les devises occidentales et d’organiser un système de paiements propre au bloc eurasiatique. Mais le domaine essentiel sera celui des sciences et des techniques et notamment de leurs applications militaires. La compétition en ces domaines est ouverte de longue date et ne fera que s’accentuer comme le montre la course en matière d’intelligence artificielle ou dans le domaine spatial et, plus généralement, dans tout le champ des techno-sciences où la compétition pour la prééminence est acharnée. Il faudra donc redoubler d’attention pour protéger les compétences occidentales en ces domaines. Loin d’être des champs d’action collective commune, la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement seront des éléments de l’affrontement global. Cet affrontement sera de longue haleine. La seule question aujourd’hui est de savoir lequel des deux systèmes s’effritera le premier, les deux ayant des forces et des faiblesses. On voit bien que, lorsqu’elles sont en capacité de s’exprimer, les populations des pays totalitaires demandent la liberté et la démocratie comme l’ont montré les oppositions à Hong Kong, en Iran ou en Biélorussie. Mais la puissance coercitive des régimes totalitaires est telle que ces oppositions pacifiques et, par définition, inorganisées, n’ont guère de chances de faire changer les choses si elles ne sont pas soutenues par l’alliance des pays libres. D’où l’importance du soutien à l’Ukraine et à la Moldavie, aujourd’hui en première ligne de cette guerre. D’où l’importance de la défense de la liberté de choix pour Taiwan. D’où l’importance du soutien à la lutte des femmes partout où elles sont soumises à des régimes despotiques. Tout recul en ces domaines sera une victoire pour les puissances totalitaires. On sait bien qu’il faudrait sortir collectivement d’une logique de puissance pour affronter les problèmes communs à l’ensemble de l’Humanité. Mais on ne peut le faire aujourd’hui face à des régimes qui veulent imposer leur modèle totalitaire. Il faut donc continuer à défendre fermement les valeurs du système démocratique libéral face à cette organisation mondiale des pays anti-libéraux. Encore faut-il que les populations des pays occidentaux comprennent la situation d’affrontement dans laquelle nous nous trouvons et prennent la mesure des redoutables conséquences de cette situation que nous allons devoir gérer. Il est inquiétant de constater qu’aucun parti politique ne veut le dire clairement aujourd’hui, entretenant l’illusion que tout peut continuer comme avant alors que les équilibres du monde sont en train de changer sous nos yeux et à notre détriment. Ecrit le 15 mars 2023

Retour sur la table ronde « Ukraine : 1 an après l’invasion russe »

par L'équipe du Lab' le 25 mars 2023 Ukraine
Jeudi 23 mars, le Laboratoire de la République réunissait Jean-Louis Bourlanges, Pascal Bruckner et Christian Lequesne pour échanger sur la première année écoulée du conflit ukrainien. Cette table ronde était animée par Nathalie Krikorian-Duronsoy et présidée par Jean-Michel Blanquer. Les échanges ont permis de s'interroger sur l'impact du conflit, le rôle de l'Europe, celui des Etats-Unis ou de la Chine et à réfléchir à la recomposition des grands équilibres et de la gouvernance mondiale.
La question de l'Ukraine est importante pour le Laboratoire de la République. Cette guerre forge la nation ukrainienne. Elle pose des questions sur la République et la démocratie. Dans un premier temps, les échanges se sont concentrés sur l'Union européenne et la relative unité européenne, puis sur les enjeux géopolitiques, le rôle de la Chine, l'avenir de la Russie et la manière dont les puissances mondiales se positionnent. Cette table ronde a réuni Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères, Pascal Bruckner, essayiste, romancier et philosophe, et Christian Lequesne, professeur de science politique à Sciences Po Paris et ancien directeur du Centre d'études et de recherches internationales. Retrouver l'intégralité de cette table ronde sur notre chaîne Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=f55rtsZP0gA Ukraine : 1 an après l'invasion russe

Retour sur notre table ronde : « Penser la Défense en République » à Lille

par L'antenne de Lille le 24 mars 2023 Intervenants_Lille
Mercredi 22 mars, l'antenne lilloise du Laboratoire de la République a organisé une table ronde sur le sujet : "Penser la Défense en République". Retour sur les échanges qui ont animé la soirée avec nos intervenants : Anne-Pascale Guedon, représentante de l'association "Avec les femmes de la Défense" et colonelle de la réserve citoyenne de l'armée de l'air, le vice-amiral Loïc Finaz, ex-directeur de l'Ecole de guerre et fondateur de la Fondation de la mer et Michel Guérin, ancien inspecteur général de la DGSI et ancien professeur à Sciences Po.
La relation entre la Défense et la République est très ancienne et importante dans notre société. Elle protège notre démocratie et nos libertés. En République, la question militaire est l'apanage des militaires mais aussi des citoyens. Il faut savoir penser les rapports de force et les enjeux de Défense dans l'univers numérique et cosmique. Dans cette table ronde, il s'agit de décloisonner les questions de Défense et les articuler dans un sens républicain. Nous avons besoin de défendre plus largement notre idéal républicain et démocratique. Il n'y a jamais de réussite de défense sans un idéal. De nombreux sujets ont été évoqués : celui du cyberespace et les moyens de la France pour lutter contre les réseaux d'influence, celui de la situation des femmes dans l'armée ou encore la vision d'une défense commune européenne... https://www.youtube.com/watch?v=_KjJNALbu1w Table-ronde : "Penser la Défense en République"

Jeudi 23 mars : « Ukraine : 1 an après l’invasion russe »

par L'équipe du Lab' le 7 mars 2023 afficge_conférence_Ukraine
Jeudi 23 mars à 19h, le Laboratoire de la République et Jean-Michel Blanquer vous convient à une conférence sur "l'Ukraine : 1 an après l'invasion russe". Nous aurons à cœur d'analyser les conséquences du conflit en cours. Autour de deux tables rondes, nous débattrons de son impact sur l'Europe et le monde occidental et nous interrogerons sur la gouvernance mondiale dans un monde en recomposition.
19:00 : Introduction générale par Jean-Michel Blanquer - président du Laboratoire de la République 19.20 : 1er thème présenté par Jean-Michel Blanquer : Quel impact du conflit sur l'Europe et le monde occidental ? 19.55 : 2ème thème présenté par Nathalie Krikorian-Duronsoy : Quelle gouvernance mondiale dans un monde en recomposition ? 20.30 : Temps d'échanges 21.00 : Clôture des débats par Jean-Michel Blanquer Intervenants : Galia Ackerman : écrivaine, historienne, journaliste et traductrice littéraire franco-russe, spécialiste du monde russe et ex-soviétique Jean-Louis Bourlanges : député du Modem et président de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale Pascal Bruckner : philosophe, romancier et essayiste français Christian Lequesne : professeur de science politique à Sciences Po Paris et ancien directeur du Centre d'études et de recherches internationales Quand ? Jeudi 23 mars à 19h30 Où ? Maison de l’Amérique latine 217, Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris Gratuit, inscription obligatoire Pour vous inscrire

Sommes-nous en guerre ?

par Jean-François Cervel le 30 janvier 2023 Cervel
Jean-François Cervel, ancien inspecteur général de l'Éducation nationale, ancien directeur du Cnous (Centre national des oeuvres universitaires et scolaires) et membre de la commission géopolitique du Laboratoire de la République se pose la question : sommes-nous en guerre ? La réponse à cette question est manifestement oui. Le savons-nous ? Les opinions publiques des pays occidentaux en général et de la France en particulier en ont-elles conscience ? La réponse est manifestement non.
Comment expliquer cette distorsion et comment qualifier la situation étrange dans laquelle nous sommes, de ce fait, placés ? Que nous soyons en guerre est une évidence que seuls ceux qui ne veulent pas voir peuvent nier. Depuis des décennies, nous essayons de contrer les assauts de l’islamisme radical. Cette mouvance, soutenue par un certain nombre de grands états, a frappé et continue à frapper un peu partout dans le monde et dirige prioritairement ses actions contre les pays occidentaux. C’est une vraie guerre idéologique portée tant par des musulmans sunnites que par des musulmans chiites qui veulent imposer la loi islamique. Elle s’est concrétisée par de multiples conflits ouverts qui ont déstabilisé de nombreux pays de l’ensemble de l’arc arabo-islamique au long des dernières décennies. La situation en Afghanistan, en Iran, en Irak, en Syrie, au Liban, dans les pays du Sahel, comme les attentats dans nos pays montrent que cette guerre-là se poursuit et qu’elle est toujours largement entretenue. Dans le même temps, nous sommes en guerre larvée depuis des années. Cette guerre dissimulée c’est d’abord la guerre cyber qui est menée par des armées de hackers abrités, manipulés, dirigés, par des pays totalitaires pour déstabiliser nos institutions les plus diverses par des virus informatiques destructeurs, des demandes de rançons n’épargnant rien et ciblant tout particulièrement les hôpitaux, et par la diffusion de fausses informations et de propagande systématique destinées à manipuler les opinions publiques et à fausser le fonctionnement démocratique. La Russie, la Chine, la Corée du nord, dirigent ces groupes de pirates du net y compris pour alimenter leurs finances en devises. Cette cyberguerre accompagne le pillage ancien des ressources scientifiques et technologiques organisé par de multiples canaux et notamment par l’envoi d’étudiants dans les universités occidentales et par l’espionnage industriel dans toutes les entreprises travaillant avec la Chine et, a fortiori, y étant implantées. Les Etats-Unis ont été visés au premier chef par des vagues d’étudiants chinois venant s’inscrire dans toutes les disciplines scientifiques et techniques, notamment en Californie. Le rapatriement de nombre d’entre eux a été ensuite efficacement organisé par le gouvernement chinois grâce à des mesures financières très incitatives. C’est en partie grâce à cela que la Chine a pu rattraper le retard qu’elle avait accumulé en ces domaines après les délires maoïstes. Cette guerre souterraine se poursuit aujourd’hui par de multiples canaux. Mais l’affrontement prend désormais une autre dimension. Il ne se dissimule plus. Il est désormais affiché au grand jour. Les dirigeants des grands pays totalitaires, Chine et Russie en tête, affirment en clair qu’ils veulent défier les pays occidentaux et installer un nouvel ordre du monde qui fasse disparaître le modèle social-libéral qui caractérise l’occident et leur permette d’assoir leur prépondérance dans les années qui viennent. Cette logique d’affrontement est clairement revendiquée dans les textes émanant des dirigeants de ces pays. Elle se manifeste par une implantation accélérée dans toutes les régions du monde et par l’utilisation de tous les moyens technologiques, économiques et financiers permettant de pénétrer nos sociétés et d’organiser, notamment, toutes les manipulations de l’opinion publique. Elle se manifeste par une alliance affirmée de tous les dirigeants totalitaires, autour de la Russie et de la Chine, ceux des pays satellites de la Russie ( Biélorussie ) et de la Chine ( Corée du Nord ) comme ceux des pays du monde arabo-islamique pourvoyeurs des réseaux terroristes. L’accueil fastueux réservé par le roi d’Arabie Saoudite et son fils, successeur désigné, à Xi Jin Ping lors de sa visite officielle (décembre 2022) en est un témoignage flagrant quand on se souvient du mépris avec lequel le président américain avait été traité lors de son voyage à Ryad. Ces pays utilisent tous les moyens considérables dont ils disposent pour affirmer leur puissance et se moquent bien de la défense des valeurs de liberté et de démocratie. Cette logique d’affrontement se manifeste désormais par des menaces militaires clairement exprimées. Ce sont les dirigeants russes qui affirment que la troisième guerre mondiale a commencé. Ils n’ont pas hésité à engager une guerre « de haute intensité » pour essayer d’empêcher que l’Ukraine ne devienne une démocratie libérale. Ils n’hésitent pas à détruire systématiquement toutes les infrastructures et les villes de ce pays et terrorisent ses habitants. Ils menacent d’utiliser des armes de destruction massives chaque jour plus sophistiquées contre les pays occidentaux sous prétexte d’une agression contre leur pays alors que personne n’a jamais envisagé d’attaquer la Russie et que l’OTAN - eût-elle été assez stupide pour le vouloir – aurait été bien incapable de mettre en œuvre une telle opération ! Cette réalité de la guerre engagée par l’alliance des puissances totalitaires contre l’occident a pour conséquence un bouleversement économique de grande ampleur et une relance accélérée et, hier encore, inimaginable, de l’effort de réarmement que les pays occidentaux et notamment la France ont dû entreprendre en urgence. La guerre et ses conséquences sont donc présentes partout autour de nous et contre nous et elles modifient déjà profondément la situation de la France et de l’Europe. Et pourtant, malgré toutes ces manifestations indiscutables d’une montée accélérée de la conflictualité, l’opinion publique semble ne pas avoir pris conscience de la gravité des évènements qui sont en cours et de la guerre qui est engagée. Pendant ce temps, en effet, les français, plus que les autres citoyens occidentaux sans doute, continuent à revendiquer des droits sociaux nouveaux et des avancées sociétales. Ils demandent que l’Etat-Providence intervienne plus que jamais dans de multiples champs et répartisse une richesse qu’ils rechignent à produire. Ils demandent à réduire encore leur temps de travail professionnel alors qu’il ne représente plus guère que 10% de leur temps de vie ( environ 70000 heures sur 700000 ! ). Certains proposent même de détruire les entreprises et les entrepreneurs qui produisent cette richesse qui permet d’assurer ensuite la répartition et de multiplier les droits et les libertés. Ils demandent que l’Etat finance toujours de nouvelles politiques alors qu’il est déjà structurellement en déficit et que la dette et sa charge s’accroissent tous les jours. Ils ne mesurent pas que l’effort de guerre va exiger des moyens et une mobilisation considérables qu’il va falloir financer. Pourquoi une telle distorsion ? Parce que l’opinion n’a pas conscience de la réalité du conflit qui est engagé. La guerre militaire est loin, à l’Est de l’Europe ou sur d’autres continents, malgré les images quotidiennes des violences qu’elle entraîne et auxquelles on finit par s’accoutumer. Parce que nous avons connu une « guerre froide » pendant près de quarante- cinq ans, entre 1945 et 1989, sans que cela n’entame la croissance et l’enrichissement, bien au contraire, puisque c’est pendant cette période qu’est née la société de l’abondance et de la consommation. Mais surtout parce que les économies occidentales sont tellement intriquées avec celles des pays totalitaires et notamment celle de la Chine que le conflit paraît inimaginable. Comment pourrait-on faire la guerre à un pays avec lequel on a d’énormes échanges commerciaux, échanges de personnes, de produits, de services, de technologies, de flux financiers considérables ? Et effectivement on ne peut que se poser cette question. Comment cela peut-il être possible ? Cette situation relève d’une totale ambiguïté. Elle relève de la poursuite de la période précédente où les échanges se sont développés à très grande vitesse parce que tous les partenaires en tiraient profit et avec l’idée sous-jacente que « le doux commerce » allait entraîner inéluctablement l’apaisement des conflits politiques, stratégiques, idéologiques – et, a fortiori, militaires - en multipliant les liens entre les pays même de cultures et d’idéologies opposées. C’était une erreur stratégique. Les occidentaux n'ont pas vu que les pays qui ont largement bénéficié de la croissance économique générée par cette période de mondialisation ne changeaient en aucune manière leur vision du monde, leur nature totalitaire et leur volonté de détruire le modèle socio-politique occidental et les pays qui le portent. On prend la mesure aujourd’hui du caractère intenable de cette situation. On ne peut à la fois être en paix et développer les interconnexions et les échanges en tous domaines en se rendant ainsi très dépendants et être en guerre et se préparer à un affrontement total.  Les pays occidentaux ont pris conscience de cette situation paradoxale et le « découplage » est engagé. De nombreux canaux sont d’ores et déjà coupés et de plus en plus de secteurs de l’économie font l’objet de mesures de protection. Le cas des semi-conducteurs, éléments indispensables de toutes les technologies actuelles, est, évidemment, central à cet égard. La souveraineté, la protection, les industries de défense redeviennent des sujets déterminants et tous les pays du monde sont amenés à se positionner dans ce nouveau cadre mondial conflictuel. La maîtrise de la nouvelle révolution numérique et la manière de gérer la crise climatique et environnementale seront des éléments centraux de cette nouvelle guerre. Il faut savoir, aujourd’hui, jusqu’où peut aller cette situation d’affrontement et définir clairement comment nous voulons la gérer. On ne peut rester davantage dans l’ambiguïté. L’alliance des pays totalitaires veut mettre à bas l’occident, ses valeurs et les pays qui les incarnent. On ne peut continuer à l’alimenter et à lui permettre de prospérer impunément sur nos territoires. Qu’il soit nécessaire de refonder l’organisation et la gouvernance du monde pour que tous les peuples et toutes les nations du monde y aient leur place est évident. C’est indispensable pour affronter les défis qui sont communs à l’ensemble de l’humanité et, au premier chef, la crise climatique et environnementale. Mais les pays totalitaires veulent le faire en imposant leur modèle anti-libéral. Il n’est pas possible de les laisser faire alors qu’ils ont pour objectif, en dominant le monde, de mettre à bas la liberté et la démocratie. Le bloc des démocraties libérales doit donc tirer toutes les conséquences de cette situation en se préparant à affronter fermement le bloc des régimes autoritaires comme il le fait aujourd’hui en soutenant la lutte de l’Ukraine pour sa liberté face à l’autocratie russe actuelle ou en soutenant tous les mouvements populaires qui demandent la liberté et la démocratie dans tous les pays où règne un régime despotique. L’Europe doit clairement porter la bannière de la liberté et de la démocratie en résistant à tous les discours qui, au sein même des pays libéraux, remettent en cause ces valeurs universelles, porteuses de paix et de progrès. Leur défense aura un coût dont on commence à percevoir qu’il sera lourd. Il faut que les citoyens du monde libre mesurent bien que la défense de toutes les libertés et protections qu’ils ont acquises est à ce prix. 

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