Mardi 17 janvier 2023, Marie Ameller et Brice Couturier recevront Pascal Bruckner pour son dernier ouvrage "Le Sacre des pantoufles", publié aux Éditions Grasset.
Deux grandes idéologies dominent nos sociétés occidentales : le déclinisme et le catastrophisme. Depuis le début du siècle, tous les événements semblent confirmer ce pronostic : le réchauffement climatique, le terrorisme islamiste, le coronavirus et, enfin, la guerre à l’Est de l’Europe de la Russie contre l’Ukraine. Face à cette situation, la doxa veut que le seul recours raisonnable soit de réintégrer le foyer, dernier refuge et protection contre la sauvagerie. Mais la maison de nos jours n’est pas un simple abri, elle est bien davantage: un espace en soi qui supplante et remplace le monde, un cocon connecté qui rend peu à peu superflu toute percée vers le dehors. Depuis son canapé, on peut jouir par procuration des plaisirs qu’offraient jadis le cinéma, le théâtre, les cafés. Tout ou presque peut nous être livré à domicile, y compris l’amour. Pourquoi dès lors sortir et s’exposer ? A l’instar du héros de la littérature russe Oblomov, qui vécut couché et ne parvint jamais à quitter son lit pour affronter l’existence, allons-nous devenir des êtres diminués, recroquevillés et atones ?
Les échanges seront suivis d'un cocktail et d'une séance de dédicaces.
Quand ? Mardi 17 janvier 2023 à 19h30
Où ? Maison de l'Amérique latine
217, Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris
Gratuit, inscription obligatoire.
Pour vous inscrire, veuillez cliquer ici.
Jean-François Cervel, ancien inspecteur général de l'Éducation nationale, ancien directeur du Cnous (Centre national des oeuvres universitaires et scolaires) et membre de la commission géopolitique du Laboratoire de la République, analyse le nouvel ordre mondial en place depuis le début de la guerre en Ukraine. Il s'attache, dans cette tribune, à révéler le projet plus ambitieux de Vladimir Poutine de redistribuer les cartes du jeu géopolitique et géostratégique mondial afin de mettre en marche une véritable "révolution mondiale".
La décision de Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine le 24 février 2022 n’est pas seulement la manifestation d’un impérialisme territorial classique souhaitant retrouver une partie de l’empire soviétique défunt. Elle s’inscrit dans un projet beaucoup plus ambitieux d’instaurer un nouvel ordre mondial.
Le projet est global, relevant de la géostratégie et de l’idéologie. Il s’agit de mettre fin à la domination occidentale sur le monde et de faire disparaître, du même coup, la pensée libérale qui caractérise l’occident depuis le 18eme siècle. Cette « révolution mondiale » a été clairement affirmée par Vladimir Poutine. Elle est partagée par une grande partie des pays du monde et, au premier chef, par les dirigeants chinois. Ces pays s’organisent, aujourd’hui, dans une alliance plus ou moins formalisée contre l’occident afin d’établir ce nouvel ordre du monde.
Il s’agit, d’une part, de s’attaquer à la position dominante américaine et, d’autre part, de détruire les fondements du système libéral occidental. En dépit des deux guerres mondiales qui ont ravagé l’Europe, la domination occidentale sur le monde a perduré. Victorieux en 1918, encore davantage en 1945 puis en 1989, les États-Unis d’Amérique ont dominé le monde. Le dollar règne en maître sur les échanges internationaux et sur la finance mondiale, les États-Unis, avec leurs alliés de l’OTAN, britanniques et français, ont trois sièges de membres permanents au Conseil de sécurité de l’ONU, l’armée américaine possède des bases sur tous les continents, les grandes entreprises américaines dominent largement les marchés des technologies les plus avancées, les standards et le droit étasuniens tendent à s’imposer partout... C’est d’abord à cette domination historique que nombre de pays veulent mettre fin. Mais, par-delà cette remise en cause de puissances dominantes, c’est aux fondements du système occidental qu’ils veulent s’attaquer.
Qu’est-ce que le système occidental ? Le système occidental se définit fondamentalement par la défense de l’individu et de sa liberté, la gestion démocratique de l’intérêt général, la limitation de l’arbitraire du pouvoir dans le cadre d’un Etat de droit, le règlement pacifique des conflits, l’universalisme des valeurs des droits de l’homme et du citoyen, le progrès de la connaissance et de l’éducation de tous. C’est donc un système libéral, démocratique, progressiste et universaliste.
Le système libéral n’est ni la licence, ni l’anarchie, ni le libertarisme que certains dénoncent. Le système libéral c’est la gestion d’un équilibre permanent entre les droits de l’individu et l’organisation de l’intérêt général. C’est la destruction de ce corpus de valeurs qui forment un tout et qui constituent le « système libéral », qui est l’objectif central de l’alliance des pays anti-libéraux qui contestent chacun des éléments de cet ensemble.
Au fil du temps, les ennemis de ce système de valeurs ont été nombreux. Les intégrismes religieux, les idéologies fasciste, national-socialiste et communiste ont affirmé leur volonté de détruire ce système de la liberté. Les mêmes sources idéologiques affichent à nouveau, aujourd’hui, avec une force particulière, leur volonté de destruction. Comme le dit clairement Pierre Servent, il suffit de lire les textes des idéologues islamistes, russes et plus encore chinois pour comprendre que c’est sur ce registre que se situe le combat.
Bien entendu, il est parfaitement légitime de contester la domination des puissances occidentales et, au premier chef, la domination américaine et de souhaiter une organisation plus équilibrée de la gestion du monde, faisant appel à tous les acteurs, sur tous les continents. Bien entendu, il est parfaitement légitime de dénoncer les excès du système libéral et de souhaiter une régulation plus ferme de ses dérives, environnementales, financières ou sociales.
Mais le « nouvel ordre mondial » doit-il, sous prétexte de rééquilibrage, faire disparaître la liberté et la démocratie ?
C’est la question que l’on doit se poser en examinant ces propositions de nouvel ordre mondial que prônent un certain nombre de dirigeants alors que, selon une analyse récente (citée par Pierre Buhler, dans Le Monde, le 10 novembre 2022 ), seuls 34 pays relèvent, aujourd’hui, de la catégorie des démocraties libérales !
Le « nouvel ordre mondial » peut-il être celui préconisé par nombre d’intégristes de toutes les religions et notamment islamistes qui veulent imposer leurs croyances et leur organisation traditionnelle de la société ?
Le nouvel ordre mondial peut-il être l’ordre autocratique et militaire que Vladimir Poutine veut imposer à l’Ukraine en détruisant ses infrastructures et en martyrisant sa population civile en la livrant à une soldatesque qui, comme toute soldatesque au long de l’histoire, détruit, massacre, viole et pille ?
Le nouvel ordre mondial peut-il être l’ordre totalitaire du Parti communiste chinois qui veut imposer partout son despotisme prétendument éclairé dans une société totalement contrôlée, uniformisée, enrégimentée, sous l’autorité d’une oligarchie auto-désignée dans la plus totale opacité ?
Les textes adoptés par le Parti communiste chinois parlent d’un monde idyllique de prospérité, de développement harmonieux, de défense d’un véritable multilatéralisme, de réforme du système de gouvernance mondiale. Ils affirment que « la Chine aide à la stabilisation d’un monde changeant et troublé ». Ils prônent le partage et la coopération gagnant-gagnant.
Peu importe les changements dans le monde, la Chine dans la nouvelle ère sera toujours un bâtisseur de la paix mondiale, un contributeur au développement mondial, un défenseur de l’ordre international. La Chine ne va bien que lorsque le monde va bien et le monde va encore mieux lorsque la Chine va bien. Le concept de construction de la communauté de destin pour l’humanité relie le rêve chinois aux rêves des peuples du monde entier.
Texte affiché lors d’une exposition chinoise dans les locaux de l’UNESCO à Paris le 15 novembre 2022.
Derrière ces propos lénifiants de prospérité partagée et de développement mondial harmonieux, il y a la réalité du rouleau compresseur de la dictature communiste chinoise et de sa main mise progressive sur de nombreux pays devenus économiquement et financièrement dépendants. Le multilatéralisme prétendument égalitaire peut-il être développé avec des pays autoritaires dont les dirigeants n’ont aucune légitimité démocratique ?
C’est toute la question qui est posée aujourd’hui. La « révolution mondiale » que Vladimir Poutine appelle de ses vœux doit-elle être la victoire de l’alliance des régimes autoritaires visant à vaincre enfin les tenants du système libéral ? L’union des régimes autoritaires de la Chine, de la Russie, de l’Iran, manipulant les états vassaux de la Corée du Nord ou de la Syrie serait-elle plus efficace et plus satisfaisante pour la gouvernance du monde que le système libéral ?
Bien sûr, le nouvel ordre mondial ne doit pas être non plus l’ordre insidieux que veulent mettre en place les sociétés multinationales du Net ou les détenteurs de la puissance financière qui s’organisent pour échapper à toute réglementation et à tout contrôle au service de leurs seuls profits. La liberté des puissances économiques ne doit évidemment pas l’emporter sur la bonne gouvernance de l’intérêt général.
Le nouvel ordre mondial devrait donc être un ordre collectif supra national garantissant la liberté individuelle et organisant le pilotage de l’intérêt général planétaire. Il devrait être l’ordre d’une véritable République-Monde en charge d’un développement harmonieux de l’espèce humaine respectant l’environnement naturel dont elle procède. Il ne devrait être l’ordre d’aucun pays ni d’aucun groupe d’intérêts mais il devrait être celui de l’intérêt général de l’humanité. C’est cet ordre-là qui devrait l’emporter sur les logiques d’affrontement, de guerre et de mort qui sont affichées aujourd’hui par l’alliance des puissances totalitaires.
Evidemment, une telle définition paraît totalement utopique aujourd’hui alors que la réalité est celle de l’affirmation généralisée d’intégrismes exacerbés et belliqueux.
Mais il faut continuer à affirmer ce projet qui est le seul à même d’éviter des dérives tragiques pour tous.
L’Europe, porteuse de ces valeurs de paix, de respect et de liberté doit continuer à défendre cette ambition collective que demandent tous les peuples à travers le monde.
Jean-François Cervel
Jean-François Cervel a été directeur du Cnous (Centre national des oeuvres universitaires et scolaires). Agrégé d'histoire, il a effectué la quasi-totalité de sa carrière au sein de l'administration, notamment en tant qu'inspecteur général de l'administration de l'Éducation nationale. Il est membre de la commission "Géopolitique" du Laboratoire.
Ce jeudi 8 décembre 2022, le Laboratoire de la République a eu l'honneur de recevoir l'écrivain Emmanuel Carrère, pour son dernière ouvrage "V13" publié chez P.O.L.
Pour ces dernières "Conversations éclairées" de l'année 2022 et à l'occasion du premier anniversaire du Laboratoire, Emmanuel Carrère était l'invité de Marie Ameller et Brice Couturier. Cette conférence a été l'occasion de revenir en profondeur sur son dernier ouvrage publié chez P.O.L., "V13", compilation des chroniques judiciaires du procès des attentats du 13 novembre auquel il a assisté, publiées initialement dans L'Obs.
Est-il possible de ne pas juger ? En quoi ce procès a-t-il été, d'une certaine manière, une catharsis ? Quel rapport avec la République ? Entre récit intime d'un moment bouleversant - qu'Emmanuel Carrère décrit comme éprouvant - et retour sur les événements du 13 novembre, l'écrivain nous a livré une réflexion particulièrement riche sur un procès qu'il juge exemplaire. Enraciné dans sa place d'écrivain, l'auteur nous a partagé cette "traversée" et les nombreuses questions qui l'animent depuis.
Retrouvez les échanges de cette soirée exceptionnelle ici :
https://www.youtube.com/watch?v=ti72o52J1fg
Le Laboratoire de la République a fêté sa première année d'existence ce jeudi 6 décembre à la Maison de l'Amérique latine.
A cette occasion, et devant un public nombreux, le président fondateur Jean-Michel Blanquer, la secrétaire générale Ilana Cicurel, Eric Clairefond le délégué général ainsi que deux jeunes membres du Laboratoire particulièrement investis : Ines Racineux et Augustin Doutreluingne ont évoqué les fondamentaux, les réalisations et les ambitions du cercle de réflexion et d'action.
Débats, réhabilitation de la nuance, propositions d'idées et d'initiatives concrètes constituent des valeurs cardinales que le Laboratoire va déployer sur l'ensemble du territoire en 2023.
Rejoignez-nous !
https://www.youtube.com/watch?v=ZoIdV5zJVn4
La jeunesse au cœur de la République à Lyon ! Le 6 décembre dernier était inaugurée l'ouverture de l'antenne lyonnaise du Laboratoire de la République, en présence de Jean-Michel Blanquer.
Cette inauguration à l'école HEIP, Lyon OMNES Éducations, fut l'occasion de mettre en lumière les problématiques dont se saisit le Laboratoire de la République depuis un an : comment faire face à la crise climatique ? Comment expliquer la montée des extrêmes ? Comment lutter contre les fléaux du 21ème siècle ? En digne héritier des valeurs républicaines, le Laboratoire de la République a vocation à apporter des réponses à ces nouveaux défis.
La jeunesse est une des priorités du Laboratoire. À Lyon, elle pourra désormais se saisir de toutes les questions et de tous les sujets. Cette ouverture offre, en outre, l'occasion d'envoyer un signal important aux acteurs locaux et aux nombreux étudiants de la région lyonnaise : le laboratoire de la République, c’est la République au concret !
Au cours de la soirée, de nombreux projets du Laboratoire ont pu être présentés, notamment le projet impulsé par le responsable de la commission République laïque, Monsieur le Préfet Michel Lalande, intitulé "Ils incarnent la République". Ce projet a vocation à mettre en avant des parcours exceptionnels permis par les valeurs républicaines.
Indira Tsirikhova est ensuite intervenue, en parfait exemple d'un de ces parcours particulièrement inspirants. D'origine russe, Indira est arrivée en France à l'adolescence, a suivi scolaire public exemplaire jusqu'à obtenir un Master psycho-clinique à Lyon 2 avant d'intégrer une école labellisée Grande École du Numérique, Simplon qui, avec Microsoft, a déployé des écoles gratuites d'apprentissage dédiées aux nouveaux métiers du numérique et en particulier à l'intelligence artificielle. Elle est aujourd’hui data analyste.
De même, le parcours d'Anaïs Esteve a illustré ce projet ambitieux. Âgée de dix-huit ans, elle a eu son baccalauréat au lycée hôtelier de Toulouse. La passion de l’hôtellerie lui vient de plusieurs stages réalisés dans des restaurants étoilés toulousains. En 2020, elle rejoint l’Institut Paul Bocuse pour y suivre la formation Bachelor Arts Culinaires et Entrepreneuriat.
Ce moment fut enfin l’occasion d’échanger sur le thème de la santé mentale, une problématique particulièrement présente chez les jeunes, mise en lumière notamment depuis la période du Covid, et avant cela, avec l’émergence dans le débat public de la précarité étudiante. Après avoir fait un état des lieux des troubles qui touchent particulièrement les jeunes aujourd'hui, différentes solutions concrètes ont pu être évoquées.
Merci aux intervenants de la table ronde : Jennifer Guesdon, Anne De Danne, Thierry Taboy, Marion Fabre, Serge Bizouerne, et Julie Zelbat. Cette table ronde a donné suite à un échange entre les étudiants et les intervenants.
Un grand merci à tous les étudiants présents et les intervenants qui ont fait vivre l’ouverture de l’antenne lyonnaise !
Le Laboratoire de la République vous donne rendez-vous mardi 6 décembre prochain pour le lancement de sa seconde antenne locale, à Lyon.
Le Laboratoire ouvre son antenne à Lyon, en présence de son président, Jean-Michel Blanquer. À cette occasion, nous recevrons Éric Clairefond, Michel Lalande, Lenzo Di Placido, Indra Tsirikhova, Anais Esteve, Thierry Tabou, Anne de Danne, Marion Fabre, Serge Bizouerne pour évoquer les valeurs de la République et les visages qui les incarnent, en se concentrant sur une thématique particulière, celle de la santé mentale. Nous détaillerons les moyens en notre possession pour mettre en oeuvre les solutions souvent identifiées.
Date : Mardi 6 décembre 2022 à 18h30
Lieu : OMNES EDUCATION, 25 Rue de l'Université, 69007 Lyon
Inscription : ici.
Le Laboratoire vous attend nombreux !
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